samedi 26 juillet 2008

a priori




Je me pose souvent cette question devant mes cartes postales : ce qui procède du choix.
D'une certaine manière mon goût pour l'eccléctisme.
Car, par exemple ce choix de cartes postales achetées en même temps révèle sûrement un intérêt pour l'architecture mais aussi pour l'image, sa représentation. Ce que je veux dire c'est que je ne procède pas tant par goût pour une architecture ou un architecte, encore moins un style mais bien plus par un certain univers produit par l'image (donc la photographie). Je n'oublie pas que j'ai démarré cette collection par la confirmation de Martin Parr. Celle des boring postcard. Mais bien vite je retrouvais mes amours de jeunesse pour l'architecture et ne pouvais m'empêcher de transformer cet ennui par du gripping (école Tom Phillips). Alors des fois je suis perplexe devant mes cartes et je ne sais plus si c'est l'architecture, la photographie, le souvenir du lieu, sa nostalgie (le lieu même du collectionneur de cartes postales) que je regarde et dans laquelle je plonge (Royan).
Par exemple cette carte postale de Aime 2000 à la Grande Plagne nous montre un immeuble assez typique de l'architecture de montagne des années 70, sorte d'écho au bétonnage si jubilatoire des bords de mer. J'ai un a priori négatif sur cette architecture de Michel Besançon. Je ne la connais pourtant que de visu. Mais la plasticité de la construction seulement appréhendée par cette image me fait penser au pire. Mais je suis certain que si j'arpentais ce bâtiment, disons si je pouvais pénétrer l'image et échapper au point de vue obligé du photographe de cartes postales je pourrais avoir une autre idée de cette construction. Notons la trop souvent nécessité du premier plan fleuri (artificiel souvent) de la carte postale d'architecture moderne qui tend à adoucir la radicalité des constructions. Ce que ne font jamais mes deux éditeurs favoris Lyna et Raymon qui même souvent accusent la brutalité des lieux. J'aimerais tant discuter avec ces photographes de cartes postales... Qui commandite le point de vue ?
Encore du jardin sur cette image en noir et blanc si parfait des immeubles à Freisdorf. Ce noir et blanc si parfait, au ciel si délicat accuse la perfection de la fin du chantier du quartier et en même temps il produit une impression de perfection formelle (accusation du dessin) il durcit l'ensemble, l'attriste. Même le jardinet n'y peut rien. Et j'aime ça parce que je peux traverser cette image avec les Becher. Il s'agit donc de filtres que je m'applique. Je ne regarde pas seul.
Je sais également que les cartes postales sont des papillons que j'épingle.
Parfois ces papillons sont absolument complets et semblent passer tous les filtres que je m'applique. Par exemple cette dernière carte postale de Stockholm, du Gren Center. Que ce soit le programme architectural ou l'édition même, cette carte est le prototype de ce que je recherche. Une modernité affichée, assumée sous un ciel bleu prometteur d'un avenir radieux, une sorte de pittoresque (qui mérite d'être peint) de l'architecture contemporaine. Ici pas de premier plan fleuri en contre-point, pas de décor, le bâtiment seul dans sa forme et sa plasticité. Le vide même d'usagers du lieu est souhaité, ce qui va à l'encontre de la carte postale dite animée des cartophiles. Les autos sont les bienvenues, elles. Le ciel bleu est toujours à l'opposé de la photographie objective qui aime tout particulièrement l'objectivité du gris uniforme comme si la météorologie était toujours douteuse, comme si avoir vu était toujours avoir vu dans le neutre. Cette neutralité (impossible) se joue donc dans la nuée. On la fabrique comme on peut.
La carte postale de Aime 2000 au massif de la Grande plagne est une édition AS en couleurs naturelles (évidemment...) non datée mais le bâtiment de Michel Besançon architecte est de 1968.
La carte postale du Hochhaus à Freisdorf est une édition Zeitz envoyée en 1962.
La carte postale du Gren Center de Stockholm est une édition Ultra imprimée en Suède et photographiée par T. Lindeberg. L'architecture est de Messieurs Sune Lindström et Alf Byden et date de 1962.