lundi 30 novembre 2009

Sculptura Panels

édition Combier en Cimcrome

Voici une petite chose, une gourmandise.
Oh, non vraiment pas un grand monument.
Nous sommes à Chalon-sur-Saône devant le syndicat d'initiative.
Et l'architecte nommé sur cette carte postale porte bien son nom puisqu'il s'appelle monsieur Chalons !
Alors vous me direz, si si vous me direz : à quoi bon ?
Eh bien d'abord je l'aime bien ce cylindre de métal ajouré ; je l'aime bien parce que ce motif de moucharabieh je le connaissais aussi à Rouen. Une façade d'immeuble en était recouverte. Et puis si on regarde bien on voit aussi un bel escalier à l'intérieur de notre syndicat d'initiative. Cette modernité affichée là, dans un petit bâtiment prouve aussi certainement ce désir de la ville de dire son époque.
C'est modeste oui. Et alors ?
Et le photographe, l'éditeur ont bien travaillé. Soleil, verdure et brillance de l'aluminium donnent une carte postale bien installée dans son époque.
Dans Architecture d'Aujourd'hui (1967) je trouve deux publicités pour ce qui pourrait bien être le fabricant de ce module de façade, les Sculptura Panels !



On sculpte nos façades !
Décor dehors et lumière dedans !
On carosse les bâtiments comme des automobiles ! Accessoirisés, tunés (comme on dit aujourd'hui) avec l'effet cinétique moderne de ces modules cela devait bien parfois camoufler des architectures un peu faibles.
Mais au Mans par exemple, la belle façade du Monoprix ainsi revêtue d'une blanche tôle "seventies" vient de céder la place au retour néo-rétro faux alibi art déco.
J'aimais mieux la jubilation d'une courbe pure juste vibrante par les décrochements des pointes de métal.
Tout par terre.
Notre époque.





dimanche 29 novembre 2009

de l'autre côté du pont


Il y a tout juste une semaine je vous proposais une vue prise sur le Pont de Neuilly. Je vous propose de voir ce qui se passe de l'autre côté du pont, sur notre droite en direction de la Défense.
Le photographe fait poser les immeubles sur le pont. Sous celui-ci une péniche passe et j'imagine parfaitement le photographe déclenchant la prise de vue avec jubilation car une péniche c'est bien pittoresque. En plus elle apporte une échelle à l'image.
Une petite moitié de celle-ci est donc occupée par la Seine et le pont qui constitue avec sa courbe une contre-indication formelle à la rigueur verticale des tours qui semblent pousser dans le vide urbain.
Un piéton habilement apporte un point rouge bien situé au raccord entre le pont et la tour. Il semble être la visée de l'ensemble de l'image.
C'est donc parfaitement composé et imprimé. C'est une belle carte postale. On modère la modernité par des arguments habituels de Paris : la Seine, la péniche, le pont. J'aime d'ailleurs aussi beaucoup comment l'ombre du pont engloutit et sectionne d'un coup la péniche. Chtac !
Cette édition d'Art Yvon est aussi très informative.
le verso nous dit : "La Défense"
Le Pont de Neuilly
Tour GAN (arch. MM. Abramovitz, Harrison, Kingsland, Bisseuil, Choppin de Janvry )
Tour ASSUR ( Arch. MM. Dufau, Stenzel, Dagbert)
mais la carte postale ne nous dit ni la date ni le nom du photographe. C'est dommage.


Dickinson à Montréal



Finalement cette carte postale pourrait être assez banale.
Une grande ville montre ses grands building aux parallèles redressées et au style international.
Nous sommes à Montréal, Canada mais nous pourrions être à Boston, New York ou Chicago. Certaines personnes ayant la chance de parcourir ces trois villes pourraient nous dire peut-être le contraire.
Mais ce qui fait l'originalité de cette carte postale tient dans un élément qui finalement est peu abordé dans ce blog. Il s'agit du texte de l'expéditeur.



Dans ce cas, d'une écriture extrêmement fine un correspondant nous parle de sa carte postale et de l'architecture.
En peu de mots certes mais c'est très rare de lire un intérêt pour l'architecture qu'il trouve "originale et variée" et surtout, oui surtout, il exprime un avis sur le photographe des cartes postales : " le même effort d'imagination guide les photographes pour cartes postales dans la recherche de paysages toujours renouvelés..."
C'est dans ma collection la première et seule fois ou un tel avis est donné.
Ce qui est assez drôle c'est bien que cette carte-ci ne présente pas d'originalité. Mais elle est par contre c'est évident d'une grande qualité photographique jouant avec le canyon du Boulevard Dorchester. Au pied de l'image mon œil se pose sur une gare routière où des bus type Greyhound en aluminium se garent.
Je ne peux, mais c'est aisé, m'empêcher également de rapprocher cette tour des tours jumelles du World Trade Center. Il s'agit bien du style international comme on dit de manière rapide pour exprimer d'implacables parallélépipèdes d'acier et de verre posés sur le sol comme des cubes d'un jeu de construction et faisant de la régularité parfois changeante de leurs façades le seul lieu de leur originalité. C'est le style "Tour infernale", celle pour laquelle il faudrait que toujours les architectes demandent leur avis aux pompiers comme le dit si bien un des personnages de ce film catastrophe. Faire des tours dont la hauteur maximale serait guidée par la hauteur maximale de la grande échelle des pompiers de nos villes... C'est là un bon sujet d'architecture.
Les architectes en seraient ici messieurs Dickinson Ross Fish et Barnet. La tour fut construite en 1962 et pour en savoir plus allez ici.
La carte est une édition R Canada, distribuée par Granger Frères et postée en 1966. Le tampon de la poste canadienne nous informe de la future exposition Montréal 1967.

samedi 28 novembre 2009

Louise Devin la nuit, Le Mans

Boulevard Demorieux, Le Mans, Copyright Louise Devin

Je retrouve dans mon tiroir de l'école, protégées par une enveloppe de fortune les cartes postales éditées par Louise Devin pour son diplôme.
Il s'agit d'images prises de nuit dans la ville du Mans alors en transformation sous l'impulsion de la construction de lignes de tramway aujourd'hui réalisées.
Louise Devin jouant totalement des codes de la carte postale (les surjouant ?) nous propose donc des vues de bâtiments murés qui attendent dans une nuit jaune leur démolition.
Les vues implacables, prises de face toujours de l'autre côté de la rue, nous disent un recul, une distance qu'une crainte ne semble pas vouloir nous faire franchir.
Toujours étrangement le vide et la clôture font peur.
Ne pas voir et ne pas être vu par les bâtisses aveuglées génère un sentiment étrange de fin du monde. Il ne s'agit pourtant que du début de travaux.
Mais Louise Devin s'amuse aussi de notre regard sur les cartes postales en encadrant ces images d'un bord noir comme on peut en voir sur certaines éditions qui se veulent luxueuses, ou en inscrivant Le Mans dans une typographie historique et surannée. Ici il est bien question de se jouer des codes, de se moquer un brin du pittoresque avec lequel la ville à l'habitude de se représenter.
Au dos des cartes postales de Louise Devin tout aussi fait signe (fait semblant). Les rues sont nommées, la date avril 2008, son nom et le nom de l'imprimerie le Mans Métropole. La carte est aussi divisée pour la correspondance et pour l'adresse.
Les cartes étaient distribuée, je crois, lors de son diplôme et lors de l'exposition des travaux des étudiants.
Peut-être que dans la diffusion manquait le geste ultime, celui de Stephen Shore avec ses propres photographies éditées, d'abandonner ses cartes postales sur des tourniquets de la ville et d'aller de temps en temps mesurer leur disparition banale dans des boîtes aux lettres...

Boulevard Pierre Brosselette, Le Mans, Copyright Louise Devin

Boulevard Demorieux, le Mans, Copyright Louise Devin


Boulevard Pierre Brosselette, Le Mans, Copyright Louise Devin

mardi 24 novembre 2009

Hôtel President Paul Balev

Disons que si je devais d'une certaine manière définir ce que j'attends de l'architecture, je pourrais par exemple montrer ça :

édition Turistkomerc-zagreb

Nous sommes à Dubrovnik au-dessus de l'Hôtel President.
Tout est là.
Une construction géante qui réalise à la fois son intégration et sa topographie dans un jeu brutal mais jubilatoire entre paysage et construction.
Qui pourra me dire si la pente vient de la nature ou de l'hôtel ?
Dire que j'aime ça est peu dire, je n'arrive même pas à croire que ce type de construction aussi radicale puisse exister.
Le bâtiment semble se glisser sous la falaise ou en surgir. Une incision coupe l'ensemble en deux et offre alors des circulations entre les deux programmes.
Pentes, végétalisations, inscription et fabrication du paysage se mettent au diapason.
C'est très fort.
La partie la plus à droite est peut-être même supérieure. Il faudrait bien connaître les circulations et les espaces entre le haut du terrain et la plage. On peut imaginer que la restauration, l'accueil et les services se trouvent sur le plateau et que l'escalier en pente dessert les chambres.
Le plus incroyable c'est qu'au fond sur la falaise on devine un programme du même type...
Il semble que l'architecte soit Paul Balev.
C'est assez étrange pour mériter le voyage.


perspective Kalinin

édition Novosti Press Agency

Tout dans cette carte postale m'a plu.
D'abord évidemment l'architecture représentée. Nous sommes sur l'avenue Kalininsky à Moscou. Le bâtiment ouvert comme un livre, la façade reçoit tant de lumière que la photographie finit par blanchir.
De ce point de vue l'immeuble semble fin. Cet effet est produit par son décrochement aux extrémités et par la différence de traitement entre ce qui est montré sur rue et ce qui est caché derrière. La régularité est brisée par un double étage aux ouvertures verticales. A quoi cela correspond-t-il ? Difficile de le dire ainsi.
Difficile aussi de dire comment se détermine la liaison entre ce récepteur et le bâtiment bas et horizontal à ses pieds. C'est poser l'ensemble sur un socle certes, mais un socle léger presque fragile face à la masse qu'il supporte. On pourrait y voir une galerie marchande, des restaurants, bref des bâtiments de partage entre les piétons et la rue. Tout cela est complètement transparent, léger et incroyablement long, c'est ce que nous raconte la perspective. On dira aussi la répétition du modèle, bien rangés les uns après les autres les immeubles identiques génèrent un sentiment de puissance mais aussi de gigantisme, d'ambition et d'implacable planification que j'aime tout particulièrement. Plan Voisin dans le réel.
L'enseigne en forme de Terre, de satellite sur son trépied nous évoque Spoutnik. Il vient d'atterrir là au coin, naturellement, comme sur un parking à vaisseaux spatiaux. Tout cela ajoute au sentiment de modernité presque de futur, un futur un peu terni comme venu de très loin dans le temps et dans l'espace car il suffit d'une calandre d'automobile, d'une chemise aux manches retroussées pour que cette sensation d'avenir s'écrase dans un passé bien daté.
Et puis l'image dans sa fabrication ne peut qu'être d'une autre époque. Son glaçage s'écaille, les couleurs se sont éteintes certainement à force de voir le jour et son papier fin n'a pu la protéger des plis dans les coins. Tout dans ce papier dit l'inverse de l'image. Tout est trop juste, trop limite manquant d'ambition. Tout part en faiblesse, s'efface lentement, irrémédiablement. Le ciel se blanchit et au fond déjà disparaissent les immeubles pris dans le brouillard de couleurs qui deviennent laiteuses. Il ne restera, oui, que le petit panneau de sens interdit au rouge écarlate et il ne faudra pas trop vite y voir un symbole d'illusions perdues car souvent ce sont les images les plus faibles qui font le plus rêver dans un mouvement alternatif allant de la mémoire aux songes.
Je trouve une autre vue de cette avenue Kalininsky ou Kalinin.

édition Beriozka 1981

Cette carte postale cette fois affiche clairement ses intentions. On retrouve la mappemonde et la nuit offre l'occasion au régime de tirer parti des ouvertures des constructions. Qui avait vu cela comme possible ? L'architecte ou le politique comprenant là qu'il était possible de faire agir ces fenêtres comme des pixels. Il suffit de souligner du flou de drapeaux rouges et l'architecture devient la surface à projection politique : remarquable.
On suppose aussi l'organisation qui construit chaque soir l'extinction ou l'allumage des ampoules. On voit le fonctionnaire passer de bureau en bureau, basculant les interrupteurs avec son plan à la main, à moins qu'une manette dans un sous-sol ne produise l'inscription d'un coup. On imagine aussi Monsieur Hulot passant par hasard dans les étages et composant à l'envie et sans s'en douter des inscriptions hilarantes de quatre lettres !
Enfin deux cartes postales toujours de l'avenue Kalininsky.

édition Beriozka


édition Intourist 1978

Le jour est revenu et la ville se dit un peu mieux. Grande avenue large, immeubles face à face.
Et surtout la sensation que les hauteurs sont à leur maximum, dans un isolement bien grandiloquent. Tout est dit là, dans cette perspective, à la fois la puissance et son manque d'étalement. L'architecture est donc à la fois dans le construit et dans ses creux. Il faut cadrer serré pour que Moscou en 1978 et 1981 soit moderne.


dimanche 22 novembre 2009

Paris construit



Cette carte postale du C.N.I.T est bien étrange.
D'abord elle offre un point de vue superbe sur la Défense en construction et sait nous faire miroiter Paris au loin avec la silhouette de la Tour Eiffel et de la Tour Montparnasse (?).
Mais cette carte postale dans son édition est aussi curieuse. Un papier un peu léger et mou avec au dos aucune information sur le lieu représenté. Seule l'indication "Printed on Koebau-Rapida" est imprimée au verso accompagné d'un logo qui semble représenter un mode d'impresion offset. S'agit-il là d'une carte postale promotionelle pour un nouveau type d'impression ou un imprimeur ?
Reste une belle image de Paris peu courante qui nous donne à voir le chantier de tours et la transparence si habile et technique du C.N.I.T.
Qui aura le courage d'identifier les tours en construction ?
En voici une bien construite et qui affiche son ambition :


La carte postale Yvon nous informe bien : Puteaux (Hauts-de-Seine) le Pont de Neuilly et la Tour Nobel, hauteur 107 m, architectes M. de Mailly et M. Depussée.
On sait également où cette carte fut achetée car il s'agit d'une exclusivité de la Librairie-tabac Bléhaut (Tél : 772-09-27). On sait aussi la méthode d'impression : E.K.B 7045 procédé 301 par Draeger le grand imprimeur. On sait aussi la date d'expédition : le 24 avril 1967.
Dans son Paris construit Monsieur Ionel Schein nous donne :

"Ce bâtiment représente une des "francisations" du gratte-ciel dans l'ensemble coordonné de la Défense. Ses qualités résident dans le choix des matériaux, dans le traitement du volume en tant que "signal", enfin et surtout dans le détail de l'arrondi des angles."

La question de la francisation de l'architecture est une question bien particulière, difficile de dire si elle est pour l'auteur positive ou négative et agit comme une critique.
Il faudrait se poser la question de la pertinence d'un tel argument aujourd'hui et contre quoi il se poserait.
Aujourd'hui la francisation agirait contre l'américanisation, l'helvétisation, l'internationalisation, ou le développement-durabilisation ?
Ionel Schein nous précise également que Jean Prouvé participa à la construction de la Tour Nobel.
On pourra en tout cas se réjouir de la parfaite composition de cette carte postale accrochant le pont à la droite et lançant la perspective au milieu idéal de l'image. La Tour prend bien sa place de signal et semble beaucoup plus haute dans son isolement. Piétons, voitures animent la carte postale et un écho de lumière est renvoyé par la tour sur la façade des constructions à sa gauche.
Mais pendant que la vie trépidante de Paris au vingtième siècle se déroule un pêcheur à la ligne essaie encore de piéger la carpe et le gardon.
Saurez-vous le voir ?

Paris construit
guide d'architecture contemporaine
par I. Schein
Collection environnement
éditions Vincent, Fréal et Co Paris 6
le livre est dédié à Claude et à sa volonté, il ne peut s'agir que de Claude Parent non ?




samedi 21 novembre 2009

Arlequin



"... Il venait d'achever un tournage en région parisienne. Photographe de plateau c'était bien mais il voulait toujours être ailleurs que là où il se trouvait.
Il pensait qu'il pouvait faire de son métier la raison de déplacements permanents. Il n'avait pas tort.
C'est Magdalena qui l'appela trois jours à peine après la fin de sa mission photographique. Elle avait obtenu un petit rôle dans le film, une ombre parlante mais avait su de son accent espagnol amener quelque chose à son personnage, ce qui avait séduit le réalisateur.
Valise bouclée, elle avait repris un vol pour l'Amérique du sud, peu certaine de revenir en Europe mais elle avait gardé de son passage en France, le numéro de téléphone du photographe qui savait la faire rire entre les prises, pas trop fort tout de même, on tourne...
Alors il était venu la rejoindre à Mexico, cette ville n'était pas un hasard car la jeune comédienne y avait trouvé un petit contrat pour des photographies de promotion d'un groupe hôtelier. Elle connaissait le photographe Mario mais celui-ci fut pris dans une étrange affaire de mœurs deux jours avant les shoots.
Alors il fallait trouver quelqu'un de disponible rapidement et pas trop regardant sur le salaire.
Magdalena l'accueillit à l'aéroport deux jours après. Il était peu chargé avec son sac marron Adidas bourré de ses appareils photographiques et d'un petit ensemble de toilette dans lequel Eau Sauvage avait pris place.
Quelques affaires de rechange et son passeport complétaient le bagage.
Il y avait urgence car le client attendait les clichés pour lancer la promotion de son hôtel le Camino Real.
Il fallait du glamour, du ciel bleu et du chic international. Magdalena à elle seule résumait cet argument publicitaire et le photographe n'eut pas de mal à trouver l'angle légèrement en contrebas pour dire à la fois la ville, la modernité et la jeunesse audacieuse d'une bourgeoisie de classe internationale .
Dans un ensemble blanc cassé, un jeune mannequin attendait Magdalena et le photographe sur les lieux. Il venait de la ville même et savait trouver dans cette profession l'argent nécessaire à ses études d'anthropologie qu'il menait d'ailleurs avec succès en ayant orienté son travail sur le milieu bien curieux mais passionnant des enseignants en écoles d'art au Mexique et en Amérique latine.
L'affaire fut promptement menée et bras dessus bras dessous les deux modèles avancèrent vers le photographe qui ne tarda pas à trouver l'image idéale.
En les voyant ainsi marchant sur le trottoir devant l'hôtel qui aurait pu penser qu'il s'agissait là d'une réalité composée et non d'une réalité amoureuse, et pourtant...


Magdalena, le photographe et le jeune étudiant allèrent prendre un verre au bar de l'hôtel qui leur offrit cette pose.
Les rires fusaient et les histoires de plateau de cinéma se mêlaient à la pensée de Claude Levi-Strauss, très vite une amitié sincère s'accrocha au trio. Le photographe savait qu'il avait trouvé à Mexico de quoi gagner sa vie mais aussi avec qui la partager. Car il avait bien compris que maintenant celle qu'il avait photographiée quelques minutes avant aux bras d'un inconnu devrait à son tour marcher à ses côtés sur tous les trottoirs du monde.
L'étudiant finit par les quitter, se promettant de les revoir très vite. A n'en pas douter leur métier ne pouvait que les faire se croiser à nouveau.
Magdalena et le photographe sortirent de l'hôtel et se dirigèrent vers la maison de production qui avait commandé le shooting de l'après-midi. La fatigue du décalage horaire commençait à tomber sur les épaules pourtant larges et musculeuses du photographe. Il fallait songer à se reposer.
Alors qu'on le remerciait de sa réponse rapide à la commande et pour la qualité de son travail, le photographe sentait bien ses yeux se fermer et entre l'espace encore ouvert il devinait un sourire large et attendrissant, celui de Magdalena qui attendrait bien demain pour lui faire visiter la ville et lui montrer les lieux de son nouveau contrat pour un produit de beauté.
Elle appela un taxi et d'une voix douce et déterminée demanda au chauffeur, un indien descendu des montagnes pour gagner sa vie ici, d'emmener le photographe à la Zona Rosa. Le photographe y trouva une chambre au confort climatisé.
La douche chaude nettoya complétement la poussière métallique de l'air de Mexico mais ne parvint pas à réveiller le photographe qui tomba dans un sommeil réparateur dès qu'il fut allongé sur le lit trop large pour un homme seul.
Demain, il le savait, sa vie commençait vraiment.
Elle avait enfin commencé là, à Mexico, sur un trottoir en face d'un grand hôtel international, le Caminino Real, dans le quartier de la Galeria Plaza à Mexico..."

mercredi 18 novembre 2009

collection Hansjörg Schneider

Avec sa merveilleuse carte postale corrigée, Hansjörg m'a aussi envoyé une belle série de cartes postales que je partage avec vous.
Nous commencerons avec une série sur Berlin.
Voici :

Cette incroyable image est d'actualité car elle montre la Potsdamer Platz avant même la construction du mur !
On devine bien les croix de la ligne de démarcation. La carte postale ne donne ni date ni nom d'éditeur. Elle est en véritable photographie. On sent encore très bien les ruines de la guerre.
Voici une autre carte bien intéressante :


Berlin Springer-Haus mit Ostberliner Fernsehturm-Krüger verlag

On reconnaît bien l'immeuble d'Axel Springer Verlag présent sur la carte postale du mur publiée dans le message 89-09. Mais même avec ma loupe je ne vois pas le monument pour Peter Fechter. La carte d'Hansjörg serait donc antérieure au martyre du jeune homme.
On poursuit :


Berlin-Haupstadt der DDR-Bild und Heimat Reichbach-Farbfoto: Kraemer

Le centre des sports et de détente au carrefour de l'allée Lénine avec la rue Dimitroff. Je dois dire que cela a l'air bien intéressant comme architecture... Notamment la partie à droite très technique à la polychromie avancée mais je ne trouve pas le nom de l'architecte. Le point de vue surélevé nous montre surtout le toit et place l'ensemble dans un horizon plus large. La moitié de la carte postale n'est que du ciel.
Voici maintenant deux cartes postales un peu particulières puisqu'elles sont des éditions du travail de Christian Helmle un photographe ami d'Hansjörg.

copyright Christian Helmle. Abhörstation Teufelsberg, Berlin, 2005


Copyright Christian Helmle. Geschäftshaus Landsberger Allee, Berlin, 2005

Celui-ci m'indique que le photographe a publié un livre intitulé Weisse Elefanten qui regroupe des bâtiments ayant perdu leur vocation initiale.
Les verso des cartes postales nous donnent le nom de l'artiste, Christian Helmle évidemment sa date de naissance 1952, le nom de l'ouvrage Weisse Elefanten, la taille et la matière des oe--œuvres, pigmentdruck sur Aluminium (50x65 cm) en 5 exemplaires.
L'ensemble date de 2007 et est édité par Kunstmuseum Thun et l'artiste.
On hésite entre destruction future et construction en cours. Les points de vue finalement sont assez proches d'une édition de cartes postales banales mais tout tient dans l'état du bâtiment qui trouble cette sensation. L'éclairage aussi, très anglé et étrange comme une lumière d'hiver en fin de journée donne une transparence à l'image. J'aime les points des feux de signalisation et du feu stop de la voiture.
Puis :


Cette édition luxueuse nous montre une maquette pour la Glashaus de Bruno Taut de 1914. On sait que la maquette est réalisée par W. Knoll, I. Frels, M. Hechinger.
La photographie est de H. J Heyer et B. Miklaust.
C'est une édition Gebr. König Postkartenverlag.
Des billes de verre cernent le socle de cet objet entre flacon de parfum de luxe et obus décoré.
Il s'agit d'un pavillon construit pour l'industrie du verre. C'est en tout cas un étrange collage, un socle de béton bien marqué, un rien sévère, comme un monument aux morts sur lequel est posée une résille de pavés de verre hésitant entre orthogonalité et cylindre. Le tout chapeauté d'un dôme conique à la pointe évasée et coloré avec les restes de la sécession Viennoise. On pensera bien évidemment que Sir Norman Foster a vu cela pour sa tour de Londres en prolongeant l'obus de plusieurs étages.
Ce mélange de perfection technique et structurelle et de matériaux clinquants de joaillerie industrielle est curieux, fou et fantasque.
Pour finir Hansjörg connaît mon goût pour la carte postale ennuyeuse.
il envoie ça aussi.

Mais sur cette carte postale de Dörphof, Hansjörg m'indique que, quelque part sur cette vue ses parents occupent une maison.
En tout cas, on voit que partout la Boring Postcard a sévi mais quand elle permet d'évoquer la famille tendrement, on peut lui accorder une utilité bien pratique et familière.


revolving flatiron Building

Je viens juste de terminer l'article précédent et la silhouette jaune et bleue de la postière s'éloigne.
Voici ce qu'elle a déposé dans ma boîte, une série de cartes postales envoyées par Notre ami Hansjörg Schneider.
Quand je vous disais que ce blog deviendrait franco-allemand.
D'abord je commencerai par la carte postale retravaillée par notre artiste.
Vous avez déjà eu une petite idée de son travail si vous êtes venus au Mans voir l'extraordinaire et passionnante exposition Persistante Perspective organisée et pensée par Claude Lothier.
Vous avez aussi lu les articles sur mon retour de Berlin et vu l'atelier d'Hansjörg Schneider.
Vous avez aussi jeté un œil sur son site grâce au lien à droite dans la gare de triage.
Bref, vous connaissez tout de cet artiste qui pose son regard incisif au sens propre comme au sens figuré sur l'architecture. Tailles, incisions, découpages et dessins forment l'univers de cet artiste.
Voici ce qu'il m'envoie :

:


Cette vision courbe et cubiste est simplement réalisée avec un découpage en cercle d'une carte postale. Mais une chose me trouble, une chose bien anodine mais qui dit bien la préciosité du travail d'Hansjörg :
Pas de trou de pointe de compas...
Mais comment fait-il ?
On remarquera que les cercles sont tous basculés vers l'extérieur et "ouvrent" le bâtiment troublant ainsi sa finesse. Il semble aussi vouloir s'écrouler en gros morceau, pris d'un tremblement.
La carte postale d'Hansjörg est une édition Gebr. König Postkartenverlag, dans la série 69 reinhart Wolf, New York 1980.
Je vous propose quelques autres vues du flatiron dont il doit exister des centaines de modèles tant l'immeuble est iconique.
Voici :

Une édition Rotograph Co N.Y imprimée en Allemagne (Germany) ! Et expédiée en France en 1906 !



une édition HHT and Co qui nous donne :
The Flatiron Building at the jonction of broadway and fifth Avenue at 23rd street, was the first great steel structure reaching the height of 300 feet. While others have risen to double the height and more, the flatiron building will always be one of the New York City. The Flatiron Building is part of New york's attractive scene.
Pas de date mais nous sommes au début du siècle, regardez aussi le logo de la marque HHT :




Pour finir :

Une carte postale Battman Studios en noir et blanc mais bien contemporaine envoyée en 2000.
On admirera l'accentuation de la perspective qui tire le haut de l'immeuble vers le bas arrière d'une façon incroyable.
Merci Hansjörg.

Jan Wils architecte hollandais

Je continue avec vous l'épluchage des revues Architecture d'Aujourd'hui.
Cette fois-ci nous sommes grâce à ces deux cartes postales en Hollande au dessus et au pied d'un hôtel.
L'hôtel de Wageningse Berg.

édition Aero-Photo Nederland en véritable photographie

D'abord en avion, nous survolons la bâtisse qui nous donne à voir un peu son plan : une courbe courte centrée sur une demi-rotonde, l'ensemble est soutenu par deux tours qui agissent comme des serre-livres et bloquent la courbe aux extrémités.
Tout est ouvert dans cette direction mais vers quoi ?
On comprend que les chambres occupent les deux étages supérieurs et qu'au rez- de-chaussée le restaurant et le bar prennent leur place. Mais à quoi bon cette terrasse inutile pour les chambres du premier niveau avec donc une vue sur le toit du restaurant ?
Chaque chambre a son balcon et l'ensemble bien que moderne n'est pas non plus extravagant. Tout tient dans cette courbe et dans les ouvertures généreuses. Les petits décrochements des volumes géométriques créent aussi un dynamisme serein et sobre. Les abords de l'hôtel semblent encore en chantier.
Descendons sur terre :

édition H. Truin, Arnhem en véritable photographie



La courbe est bien accentuée par le point de vue, les clients sont dedans dehors, et bien cachées derrière un muret deux femmes rient de se faire photographier.
Dans le numéro 61 d'Architecture d'Aujourd'hui de septembre 1955 je trouve un petit encart sur cette construction.
On sait donc que l'architecte est Jan Wils qui édifia aussi un autre hôtel en Hollande à Zandvoort. Mais désolé je n'ai pas de carte postale !




mardi 17 novembre 2009

André Gaillard architecte

Vous vous souvenez de cette carte postale ?

édition Cusco, Barcelone

J'ai posté un message dessus le 28 avril 2009.
Voici que mon patrimoine de papier, ma collection d'Architecture d'Aujourd'hui continue de me prodiguer informations et photographies sur mes cartes postales mystérieuses.
Vous allez voir.
Ce qui continue de m'étonner c'est le choix de cette construction pour le photographe de cartes postales de la Costa Brava qui ne doit pas manquer de clichés de vacances avec mer, baigneurs et horizons construits et pittoresques.
Est-ce que cette villa représentait quelque chose de particulier pour lui ? Est-ce finalement la modernité de la villa qui déclencha l'envie d'une publication en carte postale ? Mais alors pourquoi ce recul ? On la voit peu tout de même cette villa bien trop cachée dans les roches roses orangées. Une manière d'échapper aux propriétaires en n'en faisant pas la centre du point de vue ?
Étrange...
Il n'en demeure pas moins que le photographe l'a vue, que l'éditeur la publiée, que Henriette et Francisco l'ont envoyée et que dans un carton je l'ai repérée... Épatant non ?
Mon œil... Ma mémoire.
Et puis double page dans Architecture d'Aujourd'hui de janvier 1965 qui nous donne enfin le nom de l'architecte André Gaillard. A-t-il construit autre chose Monsieur Gaillard que je pourrais avoir en carte postale ? Vite des recherches !







cliquez dessus pour lire.
Je trouve l'article bien critique et n'arrive pas malgré les plans et photographies à comprendre le reproche ; le rédacteur de l'article est certainement allé sur place lui...

dimanche 15 novembre 2009

Holmenkollen ski jump

Inépuisable recueil.
L'Architecture d'Aujourd'hui continue de me prodiguer des surprises et je trouve par exemple un article sur ce tremplin de saut à ski en Norvège.



Lorsque j'ai acheté cette carte postale, j'ai été immédiatement séduit par cet objet architectural étonnant qui me faisait penser à la cage thoracique ouverte d'une baleine géante.
J'ai aimé aussi la lumière qui baigne les personnes au premier plan mélangeant un objet d'hiver avec une ambiance estivale.
C'est un pique-nique au pied du lac maintenant artificiel comme vous le dira l'article de l'Architecture d'Aujourd'hui de septembre... 1955 !
Au premier plan un petit garçon (une petite fille ?) fixe à jamais le photographe et les parents font chauffer de l'eau sur un gaz de camping.



J'aimerais tant me baigner là et participer à ce déjeuner sur l'herbe.



La carte postale Garko Kortforlag A/S fut expédiée en 1968 et la photographie est de Giovanni Timboli qui ne m'est pas inconnu.
Mais quelqu'un peut-il me dire à quelle hauteur, oui hauteur, saute un skieur lors d'un saut en longueur ?
Le contraste entre l'ambiance de l'été et celle de l'hiver est saisissant. On voit que les architectes sont Frode Rinnan et Olav Tveten. Charme des prénoms du Nord...
Pour lire les textes n'oubliez pas de cliquer dessus.