mercredi 1 juillet 2009

l'armoire normande





Depuis quelques jours, France 2 suit des habitants d'un quartier de Mâcon dont on va faire imploser les logements situés dans des tours.
On a droit, un peu comme d'habitude, à la nostalgie bon enfant des gens qui ont du mal à partir mais à qui on explique (par la même occasion à nous aussi) combien c'est mieux la vie en petits immeubles, combien ils vont être bien relogés, combien le quartier va gagner en beauté, (espace vert quand tu nous tiens) et commerces...
Mais voilà, rien n'y fait, on lit sur les visages le regret et l'attachement des habitants à leur appartement. Ce qui est touchant, finalement c'est le renoncement timide. A peine si les habitants osent dire qu'ils étaient bien là surtout quand une responsable de la mairie, présente au moment du tournage, reprend les mots en les tournant à l'avantage de l'événement :
"c'est calme notre quartier, vous savez"
"un peu trop calme non ?"
Et puis le déménagement se fait. Image des démolisseurs toujours présentés comme des techniciens sérieux, casques sur les têtes et viennent les architectes du renouveau, gros plan sur les mains survolant une maquette blanche immaculée et... verte d'arbustes en plastique.
Je sais.
Tout le monde croit bien faire, tout le monde le fait bien. Mais cette résignation obligatoire des souvenirs au nom d'une image politique de renouveau urbain c'est un peu triste et douloureux. Le ton du reportage mi-complice mi-compassionnel me dégoûte un peu. Rien sur la résistance possible, rien sur des actions mettant en cause ce type d'événement. Rien.
L'armoire normande familiale descend donc les étages mais il faudra renoncer à l'installer dans le nouvel appartement. C'est elle qui sera le signe du changement. Son absence sera comme en creux dans le nouvel appartement.
Alors pour les habitants de Mâcon je propose de regarder cela :





Une vue aérienne sur l'ensemble des Cités de Bioux à Mâcon. Une carte postale expédiée le 29 aôut 1959 !
Les immeubles ne sont pas achevés et je n'arrive pas à comprendre si ceux qui sont détruits sont sur cette carte postale Combier. Non, je ne crois pas. Au fond à gauche on reconnaît cet immeuble que j'ai déjà publié. Expédié en 1956, il s'agit d'une carte postale Combier éditeur à ... Mâcon !
Je souhaite aux habitants qui ont vu ou verront leur point de vue partir en poussière d'en trouver un autre qui lui aussi se chargera de remplir de nouveaux souvenirs si ce n'est une armoire normande un beau buffet Conforama.