jeudi 23 juillet 2009

petit chef-d'oeuvre


Que voulez-vous que je vous dise ?
Quand la qualité éditoriale se mêle à la qualité photographique pour donner à voir la qualité architecturale, il n'y a pas grand chose à ajouter.
Nous sommes à Bobigny (oui encore) avenue Edouard Vaillant grâce à une édition J. Godneff 193 avenue Jean Jaurès, Aubervilliers. Le tout en véritable photographie au bromure.
Petit rappel : c'est la cité de l'abreuvoir par Emile Aillaud en 1958...

une grotte

Vous savez, ( si si vous savez) , que certains parmi les plus éminents architectes ont conçu leur architecture d'église contemporaine en évoquant la grotte, celle de l'apparition de la Vierge à Sainte bernadette par exemple.
Certains parmi ces plus éminents architectes, entre symbolisme et imitation cryptique ont persuadé les autorités ecclésiastiques qu'il y avait là dans la fabrication de la crypte le rappel évident du lieu même du miracle.
Il existe d'autres architectes qui, eux, pensent que l'imitation ne suffit pas et qui proposent aux fidèles une vraie grotte comme lieu de culte.
Par exemple :



La carte postale nous donne Raron/VS, Felskirche St Michael.
Après quelques recherches, je trouve finalement que nous sommes en Suisse à Rarogne, devant l'église Saint Michel construite par l'architecte Donat Ruff (?) dont malheureusement je n'arrive pas à en savoir plus.
Un site nous parle de construction. J'aimerais bien savoir si l'ensemble fut creusé ou bien si la cavité existait naturellement. Peut-être un peu des deux, une cavité naturelle peu profonde et aménagée en église. 500 places tout de même...
Du point de vue symbolique, évidemment cela n'est pas la même chose ainsi que du point de vue architectural ! L'ensemble est au pied d'un promontoire. On sait que les chrétiens des premiers temps se réfugiaient au sein des cavités naturelles pour prier. On sait que finalement, une église est un lieu que l'on décide comme telle et la messe finalement peut bien se dérouler n'importe où. Il n'y a donc rien là d'exceptionnel. Mais s'il s'agit d'une construction, d'un trou provoqué, il est étonnant que cette idée de refuge, presque d'absence dans le paysage se signale aussi fortement par un portique en béton aussi visible et fort qui ne manque pas d'ailleurs d'élégance. Ce jeu entre faire voir et cacher tout en même temps est intéressant. Surtout en Suisse qui ne manque pas, eh oui, d'abris nucléaires et de campements militaires enfouis sous les montagnes. C'est une habitude helvétique, méfiez-vous, en Suisse la montagne est creuse...



Alors pourquoi pas une église.
Celle-ci nous propose un dépouillement très protestant mais là je ne suis certain de rien. On remarquera que le béton est laissé brut à l'extérieur, jouant le fruste, mais que la surface interne de la grotte est blanchie... Contraste donc encore. Où est la vérité du matériau ?


L'espace a l'air immense et bien ordonné, voire sculpté surtout pour ce qui concerne le chœur parfaitement symétrique. Il doit être étonnant de passer des intempéries climatiques de l'extérieur à la protection intérieure et le moment où le fidèle ressort de ce lieu pour redécouvrir le monde doit toujours être fort.
Soudain me vient l'image du jardin d'hiver de Dubuffet posé en plein Centre Pompidou. La grotte de l'artiste, porte fermée était toujours pour moi un rendez-vous incontournable de mes visites. J'aimais beaucoup ce moment où l'on retrouvait après quelques minutes dans la sculpture le brouhaha du musée.
On remarque d'ailleurs que l'éditeur de la carte postale nous en propose immédiatement et simultanément deux vues : intérieur et extérieur. Je crois qu'il est évident pour ce genre de conception qu'on ne peut faire autrement. L'extérieur ne dit rien de la forme interne et comment la cavité pourrait parler de la manière dont elle se présente à nous ?
Deux vues donc pour dire et tenter de faire sentir le contraste fort entre les deux moments du bâtiment.
Si quelqu'un sait qui est Donat Ruff...