samedi 1 août 2009

le monde de Martin Parr


Je lui dois beaucoup.
Il fut l'heureuse surprise d'un après-midi chez le libraire lorsque Philippe me montra "Boring postcard" en me disant que c'était pour moi.
Ma collection de cartes postales trouva là un vraie souffle.
Hier, j'ai visité l'exposition qui lui est consacrée au Jeu de Paume.
Tout de go, c'est bien . Allez-y. Vous comprendrez son univers et ses influences et vous découvrirez beaucoup d'extraordinaires photographes qui photographient les gens et non les lieux vides.
J'avoue que je commence à saturer de cette photographie plasticienne vide. La dernière exposition au Pôle Image de Rouen, Thibault Cuisset, nous montre encore cette typologie photographique et le paysage normand totalement fabriqué pourtant par les hommes nous est évoqué que par des villages vidés, des champs esseulés... Ras le bol.
(Un bol un peu flou souvent aussi d'ailleurs, mais où sont les images bien piquées ?)
Finalement l'ennui, The Boring, du second degré finit par revenir au premier...
Martin Parr n'est pas de ce mouvement et je crois une fois de plus qu'il s'en amuse. L'exemple dans l'accrochage c'est la série de châteaux d'eau des Becher au voisinage direct d'une photographie des années trente, anonyme, d'un château d'eau parfaitement similaire... C'est le seul exemple de ce type dans l'exposition ou l'un contre l'autre il oppose la photographie des "grands maîtres" et celle plus populaire, technique ou documentaire.
Cette exposition a des défauts. Par exemple les cartes postales merveilleuses de sa collection magnifiquement encadrées pour être montrées... à 3 mètres de haut ! Inutile et stupide ! la vidéo qui ne propose pas de sous-titre certainement par désir de pureté de l'œuvre ! Car, évidemment, aujourd'hui ma chère, tout le monde parle anglais voyons !
On regrettera aussi un manque de profusion pour les objets et surtout pour les livres de photographie. On aurait pu s'attendre à une folie moins rangée et plus prolixe. Mais... ne boudons pas notre plaisir. On remarquera que Suzuki, dès 1959, produit du Ed Ruscha ! Incroyable !
Martin Parr est populaire. On entend rire dans les travées, on entend des Oh et des Ah ! On s'amuse et s'étonne de notre monde. Les gens sont incroyables et les fêtes de famille finalement avec ce regard pourraient bien être le lieu non d'un ennui profond mais d'une jubilation d'images colorées, un peu grasses et trop maquillées...
Je m'aperçois que ce blog ne vous a pas encore montré les magnifiques livres de Martin Parr. Ils sont très connus et le volume consacré à l'Allemagne est encore disponible à la librairie du Jeu de Paume mais plus ceux des U.S.A ni de la Grande-Bretagne. On s'étonnera que Martin Parr n'ait pas prévu le volume pour la France. Si cela vous dit, Monsieur Parr, ma collection vous attend !
Alors voici une petite sélection d'images de ces trois volumes historiques :

Boring Postcard en anglais





Boring Postcard en américain :



Boring Postcard en allemand ça donne Langeweilige Postkarten :
Là, vous connaissez déjà et cela n'a rien d'ennuyeux:



Une chance : voici à gauche l'image dans l'album et à droite la carte postale identique que je possède. De plus il s'agit d'un beau bâtiment absolument pas boring... Finalement je crois que trop souvent Martin Parr ne fait pas le tri entre image et objet ennuyeux. Il ne doit pas aimer l'architecture moderne et contemporaine...
Nous sommes en Allemagne : Bundes- autobahn-Brückerasthaus "Dammer Berge"
Autobahn Hansa-Linie (Köln-bremen-Hambourg) restaurant 300 Pl Sep Clubraum 60 Pl.
Counter und SB restaurant Motel Brückenlange 104m Höhe der Pylone 38m W.u. R. Merk Tel:
(05493) 495
ouf !
Je trouve Paul Wolters et Manfred Bock comme architectes de ce très beau pont-restaurant autoroutier.
Ennuyeux ? Pas une seule seconde !
Et puis oui, pour conclure bâcher le superbe Palais des Congrès de Rouen, rare beau bâtiment brutaliste de cette ville, malheureusement voué à la destruction par une image si... douce et gentille c'est risible. Laissons Claude Monet là où il est et rengainez vos illuminations pixellisées et vos posters urbains. Je suis certain que Monsieur Cuisset et son travail photographique méritent bien mieux que cette instrumentalisation politiquement correcte. On finirait par aimer les grapheurs et les taggeurs !