dimanche 27 septembre 2009

(presque) tout Guillaume Gillet

Je le dis tout net : l'exposition Guillaume Gillet à Chaillot c'est un peu court !
Comme souvent d'ailleurs les expositions autour de cet architecte.
Pourtant...
Pourtant, tous les amoureux de Royan et de sa superbe, incroyable, merveilleuse, brutale, gothique église attendent une belle et grande et riche exposition consacrée à Guillaume Gillet.
Finalement la plus réussie fut celle que j'ai vue il y a bien 5 ou 6 ans à Royan même.
Il ne doit pas manquer de documents et d'images sur le travail de Monsieur Gillet. On dirait qu'on veut juste nous titiller et puis on nous laisse là, sur notre faim.
Ne mérite-il pas par exemple d'avoir une belle et grande affiche sur le Palais de Chaillot ?
Il faut demander aux gardiens pour finalement trouver le lieu de l'accrochage. On peut très bien passer à côté sans le voir...
C'est dommage.
La muséographie est tristounette et le lieu d'un sinistre qui ne convient pas à l'ampleur lyrique de Gillet.
Non vraiment...
Bon aller... Tout de même de beaux documents par exemple le projet pour Orsay que je ne connaissais pas ainsi que la Maison de la Magistrature de Bordeaux qui me donne envie d'y faire un tour. Mais la partie sur Royan est faible alors qu'il s'agit certainement de son chef-d'œuvre. Ai-je loupé des salles ?
Il existe pourtant de belles maquettes et il aurait été judicieux de creuser la relation ingénieur-architecte avec Messieurs Laffaille et Sarger.
Nous expliquer le fonctionnement de la paraboloïde hyperbolique, le V Laffaille...
Bon.
Pour combler mon vide et peut-être le vôtre, voici quelques cartes postales encore inédites sur ce blog.
Je ne peux pas tout mettre tant il y en a, au moins de l'église de Royan.
Mais commençons:



Caen, vue générale sur la Guérinière, le château d'eau. L'architecte est nommé, Monsieur Gillet bien entendu. Nous sommes chez C.A.P éditeur. C'est expédié en 1961.
On sait que les architectes et les châteaux d'eau c'est un vrai couple. Il suffit de voir le travail des Becher pour comprendre que souvent relégué à simple travail d'ingénieur (ce qui ne manque parfois pas de qualité) il arrive que les architectes fassent un véritable travail formel et constructif de cet objet incontournable de nos paysages. Ici Guillaume Gillet fait un véritable chef-d'œuvre alliant justement les qualités techniques du béton et un programme complexe : associer un château d'eau et un marché couvert !
En effet ce qui court au pied de l'édifice est bien une galerie pour un marché. L'ensemble joue du cercle et du déambulatoire. On tourne autour dans un espace aérien et aéré. Remarquons les vides qui constituent l'ensemble. Du béton découpé en fines feuilles !
Si je m'amuse à mesurer l'épaisseur d'un des piliers du château d'eau et sa largeur totale j'obtiens un rapport de 1 pour 70 !
On remarque aussi une échelle sur le côté gauche. Le chantier est encore en route. Aujourd'hui l'ensemble est totalement encombré et il serait grand temps de redonner à cette merveille toute sa beauté et sa légèreté. Si l'ensemble est en bon état, son rapport au sol est comblé par une hérésie architecturale, une verrue, un truc couvert de céramique marronnasse. Une horreur !






Oublions cela et retrouvons Royan.
voici une belle image de Notre-Dame de Royan :



Nous sommes rue Alsace-Lorraine et on aperçoit bien sur cette carte postale Elcé comment l'église prend la ville d'un peu en dessus, sur une petite colline. Il faut faire l'expérience de la visée de ce bâtiment dès qu'on arrive à Royan par exemple par la route de Saintes. Au loin, elle domine d'ailleurs d'une manière si j'ose dire un rien pataude et lourde. La distance trop longue la raccourcit et redessine les proportions en écrasant un peu sa hauteur par rapport à sa largeur. Il suffit de rouler un peu, de gagner le centre ville pour la voir s'élancer alors dans le ciel. Rien ne semble l'arrêter. Puis à nouveau à son pied, pris par les flancs on retrouve sa masse forte et puissante accusée par le plan oblique à sa base comme si elle en sortait. Le creux de la "selle de cheval" se forme alors exprimant toute la tension du toit si caractéristique du rêve des ingénieurs de l'époque. La carte nous montre une belle animation, 4cv, DS et Simca. Un vespa est garé nous sommes à la fin des années cinquante, au début des années soixante.
Nous sommes au pied de l'église :



Encore en Elcé édition et Elcécolor !
Du sable, des tréteaux, et un échafaudage devant le vitrail au pied du clocher. Le Maître-verrier serait-il au travail ? Les amateurs de véhicules anciens admireront une Panhard, une traction Citroën et un bus d'un rouge rutilant. Voyez aussi comme ce point de vue fait pencher vers l'intérieur le clocher.
Une curiosité :



Cette carte postale de Création "L'élan" nous propose un dessin de G. Gireaudeau bien sec en lignes claires. On dirait bien là un dessin d'architecte avec ce si typique traitement du végétal. J'aime beaucoup cela.
L'architecte est nommé ainsi que la date de construction 1955-1958. On nous donne aussi la hauteur : 65m. Je dirais qu'il s'agit d'une production de la fin des années soixante-dix.




Une vue de beaucoup plus loin mais très intéressante car on voit l'église couverte d'échafaudages. D'ailleurs cela est assez discret et l'éditeur a dû penser qu'il était possible et intéressant de montrer cet épisode de l'histoire de l'église. L'éditeur est Hélico-Phot, le cliché de Pierre Texier.
Mais en quelle année cette restauration a eu lieu ?
Une vue de l'intérieur :


Une édition C.A.P en Réal-photo. L'architecte est nommé. C'est une très belle carte postale, bien photographiée et éditée. Elle fait un tour de force en nous montrant à la fois le toit et le sol en un même cliché. Cela offre l'occasion de sentir le volume magnifique de l'église. On retrouve au fond le vitrail que l'on voyait en travaux tout à l'heure et l'autel. J'aimerais un jour arpenter la galerie qui se promène entre sol et ciel de béton. Cette carte fut expédiée en 1960.
Rapprochons-nous :



Cette carte postale Combier nous montre le Chœur. On perçoit le prêtre en train d'officier et deux enfants de chœur à ses côtés. Les identifier serait-il possible ?
La lumière traverse le béton d'une belle et généreuse manière écrasant presque le volume des triangles Laffaille. L'image est colorisée et il semble que le vitrail ait posé quelques difficultés !
Peut-être que les pellicules couleurs n'étaient encore assez rapides pour des vues intérieures à lumière aussi faible car ne nous méprenons pas, l'intérieur est bien moins lumineux et le temps de pose long a déjà un peu brûlé des détails...
Nous passons derrière le Chœur:



Une belle carte Théojac en Mexichrome expédiée en 1974 par Jeanine. L'architecte Monsieur Gillet est là aussi nommé. Nous voyons bien le superbe et célèbre orgue de Royan au fond et le spectaculaire autel en béton dont la base est d'une complexité lyrique bien de l'architecte ! Il a été coffré sur place. Je dois avoir une image de ce coffrage quelque part... J'aime beaucoup ce point de vue.
A nouveau dehors :


En Elcé édition, une énigme.
Voyez comme le point de vue en plongée écrase la construction et exagère la descente de la "selle de cheval". Et cela au point de nier l'autre moitié de la construction. Mais où est le clocher ? Pas construit ou invisible de cet endroit ? Je crois qu'il n'est tout simplement pas encore construit ce qui justifierait pour l'éditeur ce type d'image. Évitant le chantier, il concentre l'image sur la courbe et sur l'impressionnant portique d'une finesse et d'une envolée réjouissante ! A noter, je ne suis jamais entré par ce portique en 40 ans de fréquentation mais toujours par le bas de l'église ! La porte étant toujours fermée ici. J'aurai certainement plus de chance lors de ma prochaine visite...
L'éditeur nous informe bien et nous donne : Gillet architecte, Sarger ingénieur et Hébrard en architecte d'opération. Point de Laffaille...
Pour finir avec ce chef-d'œuvre aujourd'hui :


Une carte postale C.A.P qui, elle, nous montre bien l'ensemble construit cette fois. Le clocher dépasse ! C'est un beau document, une belle carte postale. La lumière met bien en valeur le principe constructif en creusant les flans des entailles de béton. Les ailes de papillon de l'entrée sont bien marquées.
Quittons Royan et voyageons en 1958 à Bruxelles.
On sait que l'architecte y construisit le pavillon français, bâtiment incroyablement technique, tour de force de portée qui formait un espace dégagé grâce à un système de compas et de contre-poids dont je ne saurais vous expliquer correctement le fonctionnement. Je crois en fait que l'ambition était de suspendre deux paraboloïdes hyperboliques au-dessus du sol et en symétrie. Les "P.H" sont à la mode et Monsieur Sarger a beaucoup de travail à Bruxelles cette année-là !
Si je suis admiratif du beau dessin du compas et des courbes du toit, je reste très dubitatif sur la liaison au sol des murs-rideaux réalisés par Monsieur Prouvé. Le biais qui leur est donné et la surface incroyable à réaliser donnent une masse au bâtiment qui semble réduire la belle envolée de l'ensemble. Mais... je ne le connais que par ses images et aussi par la très belle maquette de soufflerie de l'exposition, maquette qui a elle seule vaut le déplacement.
J'ai choisi deux cartes postales représentant la belle flèche du monstre technologique, les cartes postales de l'exposition de Bruxelles sont très communes mais aucune pour le moment ne m'a montré l'intérieur !
Voici deux cartes postales éditées chez Iris, aucun nom n'est indiqué :



Revenons sur Paris avec l'opération du Palais des Congrès de la porte Maillot.
Vue du ciel :


Une édition Yvon expédiée en 1985 nous montre la place de la porte Maillot, le centre international de Paris, l'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel et au fond à gauche la Tour Montparnasse. Ouf !
Pour moi, ce lieu est celui de mes retours vers la Normandie. J'aime passer là pour reprendre le périphérique. Sur cette image je peux dessiner mon parcours, toujours un peu anxieux de la circulation parisienne et aussi avec toujours ce risque de louper l'entrée ! L'ensemble aujourd'hui est agrémenté d'une construction sur le devant par Porzamparc dont... je n'ai rien à dire.
Je ne crois pas beaucoup aimer ce bâtiment de Monsieur Gillet. Il m'est assez indifférent en fait.

Une autre carte postale cette fois au niveau du sol par Raymon éditeur :


Puis d'un peu plus près par Yvon éditeur qui nous informe : Centre International de Paris, Palais des Congrès, architectes G. Gillet, H. Guibout, et S. Maloletenkov.
Pour finir sur une belle et fine construction :


La passerelle du Havre que j'aime beaucoup. Elle traverse le bassin devant la construction de Monsieur Niemeyer, offrant l'occasion de voir trois architectes pour moi importants : messieurs Perret, Niemeyer et Gillet.
Cette passerelle est de toute beauté, fine, tendue, arquée, presque fragile. C'est avec elle que je veux retrouver le Guillaume Gillet que j'aime, alliant technique et lyrisme, simplicité apparente et génie du dessin.
Si vous voulez poursuivre la balade Guillaume Gillet en cartes postales, sur cette page à droite dans "la gare de triage" vous pouvez aller à Guillaume Gillet ou à Royan. Il y a là encore des dizaines de cartes postales dont certaines superbes, communes ou mystérieuses...

Et puis soutenons la protection de l'église de Royan en adhérant à l'Association de Défense de l'église de Royan ici :

La belle politesse de la maison Gailhoustet


Disons qu'il y a des moments dans la vie où l'on traverse le miroir.
Samedi, vers 10h du matin je prenais ce chemin en suivant Jeanne Gailhoustet.
Elle m'a guidé avec beaucoup de générosité et avec amitié dans la ville d'Ivry-sur-Seine dessinée en grande partie par Renée Gailhoustet sa mère et bien entendu par Jean Renaudie dont j'ai déjà chanté mon admiration.
D'abord en haut de la tour Raspail viser le merveilleux panorama et l'accueil chaleureux de Areski Aoun qui y occupe un atelier logement. Monter sur le toit-terrasse c'est un moment extraordinaire. La ville y est superbe. Nous sommes alors dans un espace qui, à l'origine, était un grand atelier pour les enfants. Jeanne me raconte alors comment les enfants occupaient joyeusement l'espace, montant dans les étages comme dans les rues d'un village. Et son regret de la vue depuis ce lieu où elle passa une partie de son enfance.
Il est très difficile de dire à quel point ce lieu est incroyable. Seule l'expérience de la Cité Radieuse est équivalente même si ici l'espace est moins grand. C'est un espace d'émotion simple, celle des espaces ouverts : montagne mer avion et aussi jardin.
Nous redescendons laissant Areski et un arbre pour Renée. Vite allons voir chez Andrea Mueller un appartement dans les "Renaudie". Une fois de plus l'accueil est chaleureux. On m'explique tout, même les trous d'aération dans le châssis des fenêtres !
Les terrasses sont plantées et belles. Andrea m'indique que finalement si elle ne s'y installe pas réellement c'est simplement parce que les ouvertures sont si grandes qu'on a le sentiment même à l'intérieur d'être dehors, il suffit de faire coulisser les fenêtres et hop !
Le cheminement dans l'appartement pallie ce qui pourrait apparaître comme un manque d'espace. Certes les chambres sont petites mais l'agencement du plan produit des perspectives et des trajets toujours renouvelés. Partout la verdure et le silence aussi.
Il faut reconnaître que Andréa a su (elle est architecte) tirer un bon parti du logement en dégageant certaines cloisons. Vivre là...
Puis enfin le Liégat.
Visite cette fois d'un grand appartement-atelier qui devait à l'origine servir pour une activité artisanale ou de commerce. C'est immense, sur trois niveaux. J'essaie de me repérer, de trouver le plan vu dans les ouvrages et l'organisation par hexagones de Renée Gailhoustet. Mais je n'y arrive pas tant les formes paraissent libres, ouvertes.
A nouveau on circule, glisse et toujours on est surpris de saisir ici une terrasse, là un autre niveau un peu comme dans une maison de campagne. Bien loin de ma machine à habiter Phénix avec son couloir central et les pièces de chaque côté !
Là aussi la porte s'est ouverte très gentiment. On nous laisse regarder, on nous parle de sieste à hauteur d'herbe... Car, oui c'est une découverte pour moi, en fait le niveau du sol des appartements est très sensiblement en dessous (25 cm ?) du niveau des terrasses. Ce qui produit une marche assez haute pour y accéder et donc couché dans son lit, oui, l'œil glisse sur la végétation...
Puis enfin, Jeanne m'emmène vers l'appartement de Renée. C'est un moment toujours toujours à la fois émouvant et drôle lorsque on peut ainsi rencontrer des personnes qu'on ne connaît et admire que par photographies, textes ou même la voix.
On arrive par le niveau 1, niveau avec chambre et terrasse et il faut encore quelques marches pour trouver Renée qui nous reçoit.
C'est, pour moi, un beau moment.
Mais vite, on me met à l'aise. Vite on me fait comprendre qu'ici c'est simple. J'évoque ma lecture de l'excellent La Politesse des maisons (vous ne l'avez pas lu ? Mais dépêchez-vous !)
Nous nous asseyons à la grande table et nous discutons de quelques petites notes soulignées dans mon exemplaire.
Marcel Lods, Team 10, Faugeron, et Claude Parent.
Et puis le repas s'organise, les invités arrivent et nous dévorons un saumon entier, l'œil blafard finissant ainsi sa vie sous une décoration de fleurs dans une ambiance chaleureuse.
L'appartement de Renée est exactement comme la description qu'elle en fait dans le livre. Je suis étonné d'être là mais pas surpris des espaces que finalement je n'avais pas eu autant de mal à comprendre en regardant le plan. Oui, on retrouve bien là aussi cette sensation de longueur et de cheminement. Oui, partout l'appartement est entouré de terrasses ou de vues sur celles des voisins. On oublie totalement que nous sommes en ville, en banlieue parisienne. Partout des percées et des points de vue.
Le jardin est superbe. Sauvage et ordonné. Libre. J'oublie qu'il est le toit d'un appartement en dessous. Incroyable.
Mais il faut reprendre le train.
Je m'aperçois alors que je n'ai pas fait de photographies de ce moment. C'est bon signe. Pas le temps. Il y aura mieux à faire que de se plonger dans des clichés et il me faudra plonger dans mes souvenirs. C'est bien mieux.
Merci à Jeanne pour l'organisation sans faille de ma promenade, pour cette disponibilité. Merci encore aux habitants, tous heureux de montrer leurs lieux. Merci à Benedicte Chaljub pour son ouvrage.
Et Merci Renée pour votre gentillesse et simplicité et surtout, surtout pour votre travail remarquable. J'aime apprendre ainsi.
Et puis totalement par hasard, ce matin en allumant la radio, j'ai le plaisir de reconnaître votre voix dans l'émission vivre sa ville. http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vivre_ville/
Une nouvelle fois, la chance nous est donnée de comprendre qu'il est possible de faire du logement social intelligent.
Je conseille à tous (vous me suivez les étudiants ?) de télécharger cette émission et de lire La Politesse des maisons.
Alors, je n'ai pas de cartes postales à mettre sur ce blog. Juste quelques photographies que voici mais c'est si simple de prendre le métro jusqu'à Ivry et d'ouvrir très grands les yeux.

La Politesse des maisons
Renée Gailhoustet, architecte
Bénédicte Chaljub
L'impensé
ACTE SUD
isbn 978-2-7427-8227-7
22 euros












solstice d'automne




Vendredi fut une bien belle journée.
Le matin, voir à Versailles la galerie des architectes de Xavier Veilhan dans le parc du château.
Voir en facettes numériques grandes ou petites des architectes contemporains tout de bronze juchés sur des socles penchant nous dominant d'une hauteur un rien aristocratique.
Et puis au bout, tout au bord du grand escalier, dominant la perspective des jardins, assis et costumé, épée dans les mains, Monsieur Parent est là.
Tranquille, le regard à l'horizon, son socle n'est pas oblique.
J'ai parfois des doutes sur le travail de Xavier Veilhan mais comment être objectif devant une telle réalisation ? (D'ailleurs cela n'aurait pas de Sens...)
Me glisser sous l'assise de l'architecte, à la fois abrité et exposé à mon tour. Il faut savoir que les architectes ont dû se prêter au jeu d'un appareillage assez complexe d'enregistrement en trois dimensions par un faisceau laser les balayant.
Il s'agit donc d'une sculpture stéréoscopique qui me rappelle les expériences de sculptures à partir de clichés stéréoscopiques réalisées dans les années 20.

image provenant du magnifique catalogue Paris en 3D Booth-Clibborn Editions

Etrangement et en même temps logiquement, la constitution d'un point de vue multiple autour d'un sujet n'est pas sans rappeler les "on dit" sur le cubisme. J'ai vu, mercredi au Musée des Beaux-Arts de Rouen une sculpture de Lipchitz qui est bien dans ce goût d'une constitution des corps par facettage...
Les grands chevaux du carrosse de Xavier Veilhan visibles dès l'entrée sont bien, eux, futuristes. Les italiens les auraient reconnus comme les leurs sans difficultés. Ils ont aussi quelque chose d'une belle moto Suzuki, comme sculptée pour et par la vitesse.
Allez-y, toutes les sculptures du parc sont accessibles gratuitement.
Et puis l'après-midi j'avais rendez-vous avec Stéphane Degoutin de NOGOVOYAGES dont je vous ai déjà signalé le travail remarquable.
Partages sans failles de nos préoccupations, centres d'intérêts et références. Ça fuse ! C'est superbe de sentir une telle proximité de point de vue.
Mais Nogovoyages est en avance car, eux, ont édité des cartes postales. Je vous propose quelques exemples sortis du petit porte-folio rouge simple et pourtant si élégant qui les réunit.

Nanterre. Tours "Nuages" à côté de La Défense, vues depuis le parking.

Créteil. "Les Choux"- trois des quarantes-deux tours de la ville nouvelle de Créteil.

La Défense

Access Road, La Défense

Le Palais d'Abraxas, Noisy-le-Grand. Construite en 1982, cette tour de logements sociaux est une icône de l'architecture postmoderne.

Drancy. Premier grand ensemble de logements sociaux en France, construit dans les années 30. Utilisé comme camp de déportation Nazi, puis à nouveau comme logements sociaux après la guerre.

Noisy-le-Grand. Parkings et bureaux sur dalle.

Emerainville-Pontault-Combault RER Station. Rampe de sortie ouest de la gare.

La Grande Borne, Grigny. "Ananas", sculpture de la place publique dans l'ensemble de la grande Borne à Grigny.

Nationale 20 Towards Paris. La nationale 20 relie Paris avec la frontière espagnole.

La Défense. Passerelle piétonne dans le labyrinthe tridimensionnel de la Défense.

Ivry-sur-Seine. Centre commercial et ensemble de logements "les Pyramides", de 1975.


La Défense. Dernier immeuble restant antérieur à l'opération d'aménagement de la Défense.

Les commentaires sont ceux de l'édition. Le verso des cartes postales nous indique également grâce un dessin la localisation des images avec en référence toujours les Halles de Paris. Sont indiquées aussi les coordonnées de nogovayages : www.nogovoyages.com et la phrase : "Nous sommes simplement des touristes."
On regrettera et c'est un tout petit détail, l'absence du nom des architectes. Mais mes lecteurs auront eu vite fait de les retrouver. N'est-ce-pas ?
Les cartes postales sont parfois des boring postcards, parfois des cartes postales très proches de celles éditées par les maisons habituelles. Mais aussi, on retrouve bien ce jeu d'ambiances, jouant d'espaces vides, de brutalité froide ou du si fameux "non-lieu" si cher à l'art contemporain. Mais toujours cela est contredit d'abord par l'objet même de la carte postale, objet populaire et pauvre ainsi que par un détail, un cadrage, un piéton qui passe qui ramènent
l'ensemble dans notre quotidien, notre hauteur de piéton, sans finalement ni état d'âme désolé ni prise de positions politiques ou sociales par trop usitées et vaines.
Ici, on aime les lieux, on aime les montrer pour ce qu'ils sont. C'est ce qui fait leur beauté simple et étonnement jubilatoire.
Pas de cynisme, le ciel est bleu comme sur les "vraies" cartes postales, non pas pour les enjoliver mais tout simplement parce que ce jour-là il faisait beau.
Alors je suis totalement jaloux de cette édition. Il me faudra m'y mettre. En attendant, il vous est possible de commander ces cartes postales ici.
Faites-le.