samedi 27 février 2010

des églises


Parfois ami(e)s lecteurs, lectrices vous me donnez de quoi faire un article.
Ainsi je reçois de Valérie Herran, une fidèle parmi les fidèles cette carte postale d'un projet d'église à Vaux-en-Velin.
Ce qui est étonnant c'est qu'il est tout de même assez rare maintenant d'assister à de telles constructions et de les voir publier ainsi en carte postale retrouvant là les chemins des trente glorieuses.
On y voit donc, un peu loin, la masse de la future église sous un ciel très large dans le goût de notre époque à grands renforts d'imagerie infographique. Les bâtis réels et existants sont décolorés et les piétons des fantômes transparents animant parfois la rue aux végétaux un rien criards.


Il s'agira de l'église Saint Thomas de Vaux-en-Velin par les architectes Siz'-ix. On peut aller sur le site pour voir leur travail et, j'aurais bien rendu visite à leur immeuble du XVIIIème arrondissement de Paris mais je n'ai pas pu avoir l'adresse exacte malgré un message auprès des architectes.
J'avoue ne pas bien "saisir" le volume et l'espace de cette église par cette image mais on pourrait parler, comme ça, à l'envi, d'une masse jouant à la fois d'une courbe-bloc et d'un mur qui semble transparent et coloré (?). Entre les deux une faille sur toute la hauteur avec vitrail bleu. A gauche un édicule qui pourrait être le baptistère, voit son toit agrémenté de canons de lumière.
Le campanile bien détaché doit "faire signal" et semble d'une légèreté métallique assez euh... fruste. Mais encore une fois, difficile de parler d'après une telle image dont d'ailleurs on ne sait si elle est définitive, rêvée ou même projetée.
Valérie ira voir et nous dira plus de choses une fois l'objet construit.
Je poursuis avec ça :


J'ai tout de suite été séduit par cette carte postale d'une belle qualité éditoriale. La véritable photographie au papier dur et brillant et aux contrastes superbes met bien en avant le magnifique campanile du sanctuaire de Aranzazu au pays basque.
Cette tour aveugle comme hérissée de pics m'a immédiatement fait penser à une tour de bois que l'on enflamme parfois dans certaines contrées pour des fêtes religieuses. Il y a là dans cette forme aussi quelque chose de défensif, de rude, de brutal et la répétition un peu loin de la même tour, cette fois accolée au sanctuaire, ajoute encore à cette impression.
J'aime aussi le flou de la croix au sommet et sentir ainsi la faiblesse de l'objectif photographique qui semble tirer du cou pour saisir cette hauteur !
Et une fois de plus, cette carte postale me permet d'apprendre.
Apprendre que l'un des architectes de ce lieu est Francisco Javier Saenz de Oiza, celui-là même qui a dessiné les magnifiques Torres Blancas de Madrid que j'espère bien voir très bientôt et qui sont des icônes brutalistes.
On apprend aussi que le sculpteur Chilida a travaillé pour ce sanctuaire. Cela donne furieusement envie d'aller voir....
Il semble que la route soit rude pour y accéder car la correspondante nous indique que la 2cv fut bien vaillante...

vendredi 26 février 2010

Totem en Liberté



Voici une carte postale ambitieuse tentant par un coup de zoom d'enchâsser la statue de la Liberté dans un canyon d'immeubles.
Est-il question ici de nous faire croire à New York ?
Il faudrait demander à monsieur Serge Le Manour le photographe qui signe ici un cliché pour Yvon éditeur.
Une belle image en tout cas qui dit bien, oui, l'ambition d'un certain Paris.
Et puis à gauche, une fois encore la tour Totem, magnifique structure porteuse de cubes habités de chanceux. (et de riches...)
Peut-être que le seul défaut (et encore) de cette tour c'est la qualité du verre de la façade hésitant entre un miroir total et une "fumée" occultante.
Il est d'ailleurs assez surprenant de voir comment entre la transparence totale et le reflet total, les architectes s'amusent à croire à la disparition ou du moins l'intégration de leur bâtiment, réalisant des clichés montrant le doublement d'une façade voisine se reflétant ainsi sur la nouvelle construction. Comme si doubler la ville de son reflet était le gage de sa tenue. Même Monsieur Balladur tient ce raisonnement dans un petit film visible au Pavillon de l'Arsenal comme pour excuser la modernité de s'introduire dans les quartiers anciens. On se souvient des débats concernant la pyramide du Louvre qui a dû prouver son effacement matériel pour avoir droit de... cité ! Je revois encore les échantillons de verre exposés pendant le chantier. Aujourd'hui tout le monde s'en fiche de cette pyramide, moi le premier et je regrette bien plus le centre commercial en sous-sol nous offrant comme première vision du Louvre une odeur, celle des pizzas bon marché des restaurants de pacotille d'une galerie commerciale identique à mon Carrefour de Tourville (pas celui de Sens !).
Mais au Pavillon de l'Arsenal l'exposition des maquettes offre aussi un collage inédit d'architectures modernes posées les unes à côté des autres comme finalement peut apparaître la ville.





Je vous propose quelques collages d'ailleurs un peu désirés par l'accrochage car tout autour des maquettes, des caméras sont proposées au public lui permettant à son tour de zoomer et de projeter cette image en grand, se jouant alors d'une image soit du touriste avec son caméscope, soit de la préfecture de police observant par le haut la ville. Étrange dispositif qui veut à la fois empêcher de voir et permettre par l'image vidéo de faire croire à la liberté de son regard...
Mais ne boudons pas notre plaisir, les maquettes sont superbes et les dessins à eux seuls méritent le déplacement. Ils sont parfois comme celui des tours de Monsieur Aillaud d'une beauté exceptionnelle.
Ai-je besoin de vous rappeler que la Tour Totem est de messieurs Andrault et Parat.


jeudi 25 février 2010

fierté, est-ce trop ?

Disons que j'ai hésité longtemps mais comme je vous connais fidèles et larges d'esprit et toujours heureux de ce qui m'arrive de positif, (du moins je l'espère) je me suis dit que oui, après tout, je pouvais jubiler de ça.
Ça c'est l'extrême honneur que me fait Monsieur Parent de citer presque intégralement l'un de mes textes publié sur ce blog le 31 décembre 2008.



Comment à ce moment aurais-je pu espérer, rêver et croire qu'un jour cet avis serait ainsi partagé et soutenu ?
Et puis la boucle est bouclée comme une grande vague qui s'abat. Ce texte se trouve ainsi serti de la parole de Monsieur Parent dans un ouvrage à la fois beau et palpitant édité à l'occasion de l'exposition de Monsieur Parent à Chaillot.
Ce livre Nevers, Architecture Principe, Claude Parent, Paul Virilio est publié aux éditions HYX.
Il est d'une grande beauté éditoriale.
Et bien sûr pour moi de la plus haute importance...

Marcel Nouvel et Jean Duchamp

J'aurais pu intituler cet article les abus de l'œil.
Me rendant à l'expositionusu Pavillon de l'arsenal sur le Paris construit entre 1948 et 2009, je tombe devant l'un des modules du moucharabieh de l'Institut du Monde Arabe de Monsieur Nouvel.
Immédiatement, je dis bien immédiatement, mon cerveau m'envoie le Grand Verre de Marcel Duchamp, c'est abusé non ?
Surtout si l'on pense que, jamais au grand jamais, sur place (à Paris et à Philadelphie) je n'y ai pensé. Pourtant... voyons, tout ici m'oblige (eh oui je ne l'ai pas décidé consciemment ce collage) à ce rapprochement. D'abord la taille, l'échelle assez proche des deux objets même si celui de Monsieur Nouvel serait plus exactement une moitié de celui de Monsieur Duchamp. Ensuite la manière de l'installer dans l'espace, devant une fenêtre du lieu, là c'est égal pour les deux ! Puis le châssis-même renfermant l'objet qui permet de voir les deux côtés, les deux faces, jouant aussi d'une certaine manière sa disparition (il faudrait parler de la face de l'épaisseur du Grand Verre !)
Ensuite, la géométrie machiniste et oculiste des deux pièces, toutes deux évoquant un certain érotisme de l'oeil mécanisé, pistons, coulisses, iris s'ouvrant au gré pour l'un de la lumière pour l'autre du désir... et de certains gaz !
La machinerie célibataire, un rien vaine de l'un et de l'autre surtout ici chez Monsieur Nouvel puisque l'objet, en panne (c'est si duchampien !) ne fonctionne que dans l'idée. Alors que étrangement chez Monsieur Duchamp, la machine fonctionne par le langage sous-jacent.
La matière même de l'un et de l'autre, métallique et brillant et aussi un rien crasseux de poussière. Même les boulons défaits et tombés dans le châssis de la fenêtre de Monsieur Nouvel me ramène à la brisure du Grand Verre, sa panne que certain jubilerait bien vite à nommer sexuelle.
Mais là... oulà! C'est un peu fort !
Mais comment faire avec ce collage mental ? Dois-je m'en amuser, m'irriter de l'impossibilité de me dégager de cette obligation inconsciente ? Travailler à bannir ces collages ou poursuivre la rencontre sur une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre ?
J'espère que ni l'un (le mort) ni l'autre le très vivant Monsieur Nouvel, ne m'en voudront de ce méli-mélo de références mais je suis ainsi constitué, eh oui de l'un et de l'autre.

un grand verre...

pas encore brisé...

où les célibataires, uniformes en livrée...

ne sont que pistons et bielles...

lumière à tous les étages...

mercredi 24 février 2010

Athis-Mons détruit ?

Il semble qu'en France plus on vous reconnaît une valeur historique et patrimoniale, plus vous avez de chance (?) de voir les oeuvres concernées détruites.
A croire que les Labels et autres attributions permettent d'un coup un éclairage qui conduit fatalement à une envie soudaine de voir le construit passer sous les pelleteuses comme par exemple récemment la Cité des Poètes à Pierrefitte-sur-Seine.
Mais aujourd'hui je me fais le relais de menaces concernant le supermarché d'Athis-Mons construit par Claude Parent et une équipe d'architectes et d'ingénieurs sur la base du procédé de l'ingénieur suédois D. Jawerth.
On peut aujourd'hui voir dans l'exposition sur Monsieur Parent à Chaillot cette construction et son originalité constructive.
Il semble qu'une vigilance accrue permettrait d'espérer une protection mais une nouvelle fois cela se fait ou se fera dans l'urgence.
Ne serait-ce pas plus simple que par le fait du prince (loi Malraux), le Ministre de la Culture si fervent de l'oeuvre de Monsieur Parent lors de son discours inaugural, ne fasse un classement d'office des supermarchés de Monsieur Parent ? (Sens, Ris-Orangis par exemple)
Vais-je devoir faire ici aussi une demande officielle de classement comme pour Sens dont d'ailleurs nous attendons avec patience le résultat ?
Si donc, quelqu'un a cette énergie et veut l'additionner à la mienne, battons-nous encore pour Athis-Mons et les autres centres commerciaux.


lundi 22 février 2010

Une incroyable carte postale

Lorsque j'avais lu le très bon ouvrage les années ZUP, architecture de la croissance chez Picard éditeur mon oeil avait parfaitement gravé une image.
On y voit le prototype de Gérard Grandval pour des maisons des jeunes.
Puis dans mes fouilles de boites à chaussures mon sang ne fait qu'un tour quand je trouve ça :

édition de l'Europe en couleurs naturelles, pas de date.


Je le répète parfois bien plus que le bâtiment, c'est ma capacité mémorielle d'images qui m'étonne car immédiatement, la carte postale, à la main, j'ai reconnu la page du livre. Je savais exactement si l'image était en couleur ou en noir et blanc, sa position dans la page et bien sûr le titre du livre. Cela m'étonne toujours autant.
Mais ce qui est encore plus merveilleux c'est que ce livre nous donne la référence du numéro d'Architecture d'Aujourd'hui et il me suffit de descendre au sous-sol, de chercher l'année en question et de trouver l'article. (A.A avril-mai 1967, N° 131)
On y trouve aussi une vue prise de l'intérieur avec ce magnifique ensemble autour d'une cheminée.

la même image reprise par Les Années ZUP.



Tout de même c'est incroyable qu'une construction aussi modeste ait réussi le tour de force de me faire faire ainsi un grand tour et surtout d'être photographiée en carte postale. Car combien de ces chalets pop et superbes ont eu le droit ainsi de l'être et d'être également construits ?
D'ailleurs c'est l'occasion de voir combien finalement ils s'intègrent parfaitement avec leur environnement de chalets traditionnels et comment la neige leur réussit parfaitement. Ils sont vraiment beaux vos chalets Monsieur Grandval. On voit que celui de Arette est plus court que celui de A.A, s'agit-il du même chalet raccourci ou d'un autre exemplaire ?
La carte postale ne cite pas l'architecte et nous dit que nous sommes à Arette, la Pierre-Saint-Martin devant les chalets et l'école de ski. Je crois que l'école c'est bien les deux bâtiments de Monsieur Grandval.
On connaît surtout Monsieur Grandval pour ces "choux" et la seule carte postale que je possède de cet ensemble est celle réalisée par Nogovoyage.
La voici :
Au dos on trouve un petit plan de situation, Créteil et entre guillemets les choux, trois des quarante-deux tours de la ville nouvelle de Créteil. Mais pas le nom de l'architecte.
On peut encore je crois télécharger Métropolitains sur France Culture et entendre l'architecte en entrevue avec Monsieur Chaslin.

vendredi 19 février 2010

un siècle passe... sur Charenton-le-Pont

Si comme moi vous aimez les constats un peu secs, si comme moi vous aimez mesurer l'écart temporel et écarquiller les yeux devant les différences et similitudes entre deux images, alors sans nul doute vous aimerez cet ouvrage.
Partant de cartes postales, les auteurs vont sur les lieux mêmes et rephotographient le point de vue en de successives éditions d'ouvrages.
Je viens d'acheter la troisième et certainement dernière mouture :



Mais il faut le dire tout net, je ne suis pas les auteurs sur le terrain de l'opposition entre les modernes et les anciens, sur la culpabilité permanente associée aux architectes.
Car finalement l'aménagement urbain leur doit autant qu'aux politiques et aux habitants qui parfois cèdent au crépi facile et à l'agrandissement sans demande préalable légale à des architectes.
Mais je m'arrête là sur ce terrain qui n'a de toute manière aucune raison d'être car les choses sont ainsi.
Le constat est là, âpre, dur et souvent en faveur du passé. C'est le drame de cette poésie qui met dans une glycine courant sur le mur d'un bistrot une puissance que ne peut semble-t-il pas combattre la courbe aussi parfaite soit-elle d'une barre bien dessinée.
Alors jouons seulement avec notre stupeur et laissons la nostalgie glisser d'une génération à l'autre. Car la nostalgie a cela de dramatique et de pervers qu'elle s'invente aussi sur des moments que l'on n'a pas vécu. Et quand je vois un enfant de cinq ou six ans sur une carte postale des années 1900, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est mort dans une tranchée de Verdun parce que le monde que lui a préparé celui qui a planté la glycine fut celui d'une vengeance. Jouer aux billes dans les creux des pavés de la banlieue n'est pas le signe d'un paradis perdu mais seulement un 60eme de seconde de paix suspendu à jamais entre la paire de claques du parent alcoolique ou l'autorité abusive d'un maître républicain. Qui sait ?
Je construis tout autant que vous. C'est le pouvoir troublant des images, libres qu'elles sont de nous conduire là où nous croyons être de bons interprètes. Chacun traduit.
Alors je décide d'aller voir sur place puisque le livre nous donne l'exemple d'une rue de Charenton-le-Pont, l'avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny.




Je retrouve bien le point de vue mais mon oeil est tout de suite attiré comme sur les images du livre par le cinéma à gauche.





Petite construction des années trente, il mérite à lui seul de venir là. Il semble qu'il soit en transformation mais pas menacé. Je trouve sur la façade le nom de son architecte : L. Thomas.
Alors... comme quoi il est possible aussi de se réjouir encore de notre paysage. Et certainement que ce joli morceau avait en son temps comblé un jardin ! (?)
Le nez en l'air je reprends mon chemin à la recherche des noms des architectes sur les constructions pour compléter ma collection. Cela m'oblige à regarder. La variété est grande mais quelques noms reviennent souvent, certainement des architectes, soit de la ville-même, soit en cheville avec des entrepreneurs qui n'oublient pas eux aussi parfois, sans honte, de graver leurs noms sur des façades euh... bon... bref.
Voici quelques exemples :













Sur le chemin, je trouve un tourniquet avec quelques cartes postales qui s'arrondissent sous le soleil et le froid. Le vendeur me dit : "Vous avez pris toutes les vieilles !"
Je tente au moins pour l'une d'elles d'aller voir si tout est en place et cela donne ça :


La carte postale est une édition Lyna et représente la rue Anatole France, marché, Patinoire et Piscine. Sans les noms des architectes et je n'ai pas trouvé de plaque !

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, je finirai par la fête foraine.
La ville est ainsi faite de laideur, de beauté que chacun choisit à regret ou avec contentement. Mais toujours ce qui me la rend palpitante c'est les oppositions et les ruptures. Ce sont bien les collages et les écarts dans leurs impossibles retrouvailles parfois qui me font jubiler. Et je préfère toujours cela à l'ennui parfait d'un petit monde connu et confortable, que ce confort d'ailleurs soit nostalgique ou comme la chanter la publicité ménagère un "confort moderne".


deux cartes postales CIM,bois de Vincennes, foire du trône, en hélio.

un siècle passe ...
46 photos constats par Alain Blondel et Laurent Sully Jaulmes
Dominique Carré éditeur. 3e édition 2007
un beau livre bien imprimé et mise en page superbe.


jeudi 18 février 2010

minéralité

C'est souvent cela qui est détesté :


Des barres placées à l'orthogonale de tours qui n'en finissent pas d'être, du bas vers le haut, identiques.
Et même si la vue donne sur une flaque de vaguelettes faite de toits agencés en centre commercial il semble difficile de ce dire que cette minéralité étendue et construite est vivante.
Peut-être que justement, de par un cadre de vie resserré sur lui-même, dans des appartements parfaitement conçus mais étanches les uns des autres, on croit toujours que personne n'y habite.
Et la réticence que procure ce genre de lieu (et ici d'image !) pourrait naître donc de l'absence visible de résidents et de leur appropriation du quartier.
L'inverse totalement opposé à ce genre de lieu pourrait être l'habitat de Monsieur Hulot qui totalement bordélique d'un point de vue constructif s'apparente pourtant à une machine joyeuse car il oblige ses habitants à des croisements et des arrangements d'espace permanents. Ne pas trop vite, s'il vous plaît en déduire quoi que ce soit sur Tati et l'architecture moderne.
Ici la surprise disparaît au profit d'une égalité (sans jeu de mot) de façade. Et de cette égalité répétée à l'envie en formant une grille superbe non-appropriable naît l' implacable.
Mais j'avoue j'aime ça.
En fait j'aime mieux ça que la poésie minable d'une jardinière de géranium. Étrangement je m'interroge sur le niveau d'appartements qui n'a dans sa visée de balcon que les toits pagodes à regarder.



Cela doit être bien étrange comme point de vue.
La carte postale Guy nous donne le nom de l'architecte Michel Holley et nous signale au fond l'université de Paris 1, centre Tolbiac mais là sans nous dire que Messieurs Andrault et Parat en sont les architectes.
Pourtant, sans nul doute il s'agit d'un chef-d'oeuvre bien dégradé aujourd'hui.



mercredi 17 février 2010

ici et maintenant



Je trouve une carte postale représentant mon quartier vu d'avion.
Ce genre de vues sur des quartiers aussi récents est assez rare.
Nous sommes à Charenton-le-Pont.
L'image nous donne une date, 1996 et nomme le quartier Valmy.
Ce qui est aussi assez rare ici c'est de pouvoir vous montrer à la fois donc cette vue d'avion et vous montrer ce que je vois depuis ma fenêtre.
J'apprends par exemple qu'il y a des jardins cachés que je ne pouvais voir depuis mon regard de piéton.
Ma fenêtre est ici :



Et voici ce que je vois :



le bâtiment gris à droite est de Monsieur Willerval.

L'ensemble néo-classique et post-moderne se veut grandiose, un rien éternel et incroyablement toc. Mais il offre des espaces silencieux et calmes, de vraies places publiques ouvertes et c'est déjà ça. Et puis tout est là en bas sous la coupole qui agit vraiment parfois comme une placette. Hier le babyfoot du bar avait étrangement migré au milieu du passage comme sur une terrasse.
Là, aussi il faut se taper le sas fumeur des personnels des bureaux qui viennent devant les portes et à l'abri en griller une petite.
Il suffit de descendre pour lire le nom des architectes. Le bâtiment central est donc de Jean Willerval. Et l'ensemble immobilier autour est de messieurs Chevenot et Rouviere.
Tous signent leur construction ce qui est bon signe. Vous ai-je dit que je faisais aussi collection des signatures d'architectes sur leurs bâtiments ?




Etrange mélange et collage.
Je n'ai pas grand chose à raconter de ce genre d'architecture qui, au plus m'indiffère. Tout cela sent le tertiaire, l'investissement, le pastiche. Les formes simples jouent les grandes dames à grand coups de compas, couvertes de verre réflechissant et de parement de granit qui doit apporter sa touche de sérieux et de qualité ou encore de zinc et d'ardoises pour les logements pour évoquer le Paris éternel.
Mais j'y dors tranquille.
Voyez la même vue depuis Google Earth, saisissant :



mardi 16 février 2010

Claude Parent expose aussi là

Une nouvelle fois, un but et une dérive.
le but était d'aller voir les dessins de Claude Parent à la Galerie Natalie Seroussi rue de Seine.
Ce but fut facilement atteint.
De grands signes noirs à la fois expressifs et maîtrisés voire réglés alimentent la surface blanche du papier en ombres, sols et espaces.
Parfois on se perd suivant une courbe tendue, parfois une silhouette minuscule vous ramène à l'échelle : gigantesque.
Car il ne s'agit pas là de délires graphiques gratuits dont seule la beauté équilibrée pourrait suffire mais bien de projets d'architecte, de constructions. Et on chemine ici suivant un chemin inattendu mais jouissif, comme on le fait parfois d'une colline à une autre en croyant que le chemin le plus court c'est l'oeil qui nous l'indique.
Et la bâtisse immense comme un plan, visible à la fois en coupe et à vol d'avion, arrive même à se parer des épaisseurs et des jus d'encre noire parfois transparente nous disant, si on est attentif, le cheminement sans reprise d'un pinceau sûr de lui car conduit pour bâtir un rêve. Et c'est sérieux, c'est solide.
Ça tient le mur de la galerie. Les entrelacs jadis de l'oblique ici s'accordent en boucle et ville bouclier dans des offensives parfois plus fortes que les défensives. Des plis et des dégringolades, des grottes profondes et des promontoires s'ordonnent sous une main franche pour nous éveiller.
Il ne faut pas avoir peur, ces villes qui se défendent n'ont rien à craindre pour le moment. Il faut espérer que cette prémonition défensive de l'architecte ne soit encore qu'un songe car si, un jour nous avons besoin d'un plan, nous pourrions bien y voir là une fois encore l'acuité formidable de Claude Parent.
Une dérive maintenant :
Je n'ai photographié de mémoire que la tour Montparnasse somptueuse à contre-jour, que des éclats rectilignes de soleil dans les vitrines et les sas fumeur des étudiants sur les trottoirs ordonnant la marche d'haleines fétides de tabac froid.
Et puis la ville, la foule des touristes finalement joyeux devant Notre-Dame. Foules amoureuses que je traverse. Je suis si proches d'eux, à la fois toujours étonné de Paris et ravi de pouvoir encore m'y perdre.
Incroyable sensation tout à l'heure de me retrouver par hasard à un carrefour vu hier et enfin me dire : "je sais où je suis."
Si j'avais eu une carte postale, j'y aurais dessiné une croix.

sur place

Hier, dans une toute petite boutique de presse rue Monge j'ai acheté ça :



Elle n'a rien de spectaculaire cette carte postale mais je l'aime bien.
D'abord et avant tout parce que pour la première fois, j'ai vu les arènes de Paris, par hasard d'ailleurs. Cela faisait longtemps que je me disais qu'il me faudrait y faire un tour. L'espace est superbe, calme, et permet d'observer les dos des immeubles, joyeux bordel formel fait de cages d'escaliers, de murs aveugles et de fenêtres semblant répondre à un ordre inconnu. Par ce froid, personne, mais j'imagine les partie de foot, les courses de vélo qui auront remplacé les jeux du cirque !
Surtout ce qui m'impressionne toujours c'est le silence tombé sur ce lieu pendant des centaines d'années. Puis l'espace ré-ouvert perdant sa fonction d'origine, il revient dans la ville avec immédiatement sa reconnaissance et son usage. En sera-t-il de même pour nos centres commerciaux, parking et autres piscines ?
Mais si je regarde cette carte postale qui a du passer une bonne vingtaine d'années sur son tourniquet avant que je la choisisse, au fond on aperçoit l'un des plus beaux bâtiments parisiens : la tour Jussieu.



D'ailleurs l'éditeur GUY nous l'indique au verso, signe de son intérêt et aussi de la jubilation du collage entre l'un des plus vieux monuments parisiens et l 'un des plus modernes. Dans sa discrétion presque floue, dans sa solitude sur l'horizon ouvert au creux d'une forêt urbaine, j'aime la voir surgir ainsi droite, fière, presque hautaine. Nous la devons, comme celle que nous avons vue hier à Monsieur Edouard Albert.