mardi 31 août 2010

des architectures un peu à part

Je ne sais pas pourquoi finalement j'ai réuni ces deux cartes postales dans un même article. Tout les oppose : type architectural et type postal.
L'une est une carte postale de ville en multi-vues de banlieue, une de ces cartes postales que l'on achète sur le tourniquet du marchand de journaux et l'autre est une carte de type maximum pour collectionneur averti.
Pourtant, certainement, j'ai dû voir dans ces deux objets un lien possible que vous, lecteurs, vous trouverez sans doute.
Commençons par la plus... naturelle :



Sur cette carte postale Abeille-cartes en Lynacolor, l'éditeur a rassemblé quelques vues de Cergy et nous donne ainsi à voir la manière dont la ville se représente, se définit.
On y trouve ce mélange souvent désiré à cette époque d'un modernisme affiché et revendiqué et d'un bucolique, voire d'un pittoresque encore possible.
Les pêcheurs à la ligne, les bateaux à voile jouent en collage avec la préfecture, les immeubles, et une école bien curieuse.
Cette école très colorée est l'œuvre de l'un des architectes importants de ce blog : Jean Renaudie.
Ici nous avons déjà beaucoup évoqué cet humaniste-constructeur qui avec Givors et le centre d'Ivry sur Seine a construit ce que je considère (et je ne suis pas le seul) comme un modèle de l'architecture du logement social.
Bien évidemment l'image sur la carte postale est un peu petite pour comprendre comment fonctionne cette architecture.
Mais les maquettes photographiées dans Architecture d'Aujourd'hui en 1971 nous font voir les réponses spatiales innovantes de Jean Renaudie cherchant à rompre avec une salle de classe traditionnelle. Il est question de faire jouer l'espace, d'offrir des lieux différenciés et des mouvements internes tout en générant un maximum de flexibilité et de contacts entre les classes elles-mêmes.



En fait chaque classe est un petit amphithéâtre à trois niveaux. Un niveau pour le travail intellectuel, un niveau pour les activités manuelles et un niveau de liaison avec les autres unités. Cette modulation génère une grande variété spatiale favorisant les apprentissages.
On comprend très bien ce fonctionnement sur ce dessin :



Mais ce que la revue Architecture d'Aujourd'hui nous donne aussi à voir c'est la grande beauté plastique des dessins préparatoires de Jean Renaudie, d'autant plus beaux que leur gestualité n'est point gratuite mais le résultat d'un tracé formé par la pensée, une recherche qui en quelque sorte se donne à voir.






Autre chose :



Superbe non ?
Comment résister à un tel document qui nous place sous les cubes du Kubus à Rotterdam que nous avons un peu visité ici ou ici.
La grande qualité de cette carte postale est dans son point de vue nous donnant quelques instants l'impression de sentir au-dessus de nous les constructions étranges dont on a vraiment un mal fou à saisir qu'elles puissent être habitables.
D'une grande abstraction, cette architecture à l'image forte déstabilise totalement du moins dans sa représentation en photographie. La contrariété produite par les volumes laisse en quelque sorte l'œil coi.
On peut tout de même ici voir le beau travail de polychromie, sentir un cheminement et une perspective ouverte et aussi un lieu parfaitement lumineux et ouvert. On regardera aussi le design bien des années quatre-vingt du banc public comme tiré d'un dessin de Joost Swarte.
Petit mais important rappel : l'architecte de cette curiosité est Monsieur Piet Blom.

lundi 30 août 2010

Marcel Lods : rigueur Belfort



J'ai d'abord vu cette carte postale montrant l'intérieur de l'église Sainte Jeanne-d'Arc de Belfort.
Cet immense vide rempli d'une lumière parfaitement dosée venant comme transpercer les lames de béton à gauche m'a impressionné.
Mais surtout l'espace.
La hauteur accentuée par les verticales et par le dessin du chœur en grille ainsi que le mur totalement nu à droite semblant sous l'effet de la perspective comme se pencher un peu vers l'intérieur font vraiment ici sensation.
Evidemment le noir et blanc libère aussi l'image et en quelque sorte la dénude encore plus.
Quel calme !
On entend presque l'écho de nos pas résonner dans le lieu et le petit éclat de lumière extrêmement dur et précis venant mystérieusement du dehors et surplombant l'autel ajoute certainement à l'effet de recueillement et de silence.
Une parfaite leçon d'éclairage, de jeux de lumière et de sa diffusion jouant parfois d'une grande netteté et parfois au contraire la laissant comme filtrer doucement. Pour mesurer cette douceur, regardez le magnifique dégradé de la lumière sur le sol de l'église allant d'un blanc pur à gauche à un noir profond à droite au pied du grand mur tout en passant par toutes les valeurs du gris.
Splendide, tout simplement.
Nous n'avons malheureusement sur ce magnifique document pas le nom de l'architecte Monsieur Marcel Lods ni le nom de l'éditeur ni encore celui du photographe qui a pourtant fait ici un travail remarquable.
Mais juger ainsi d'un espace par rapport à une image est toujours une difficulté. Et l'architecture se vit toujours mieux dans son arpentage que dans sa représentation.
D'ailleurs je retrouve cette difficulté à cerner un objet architectural dans les images de cette église imprimées dans le numéro d'Architecture d'Aujourd'hui d'avril 1957. A cette époque, la célèbre revue soucieuse certainement de faire de son mieux pour que le lecteur lointain de l'objet architectural puisse tout de même en cerner ses espaces n'hésitait pas dans un même article à faire jouer ensemble des plans, des photographies de maquette, des détails et même d'étranges dessins d'une grande beauté permettant de combler le vide de la représentation photographique ou plus simplement sa relativité objective.
Le lecteur en tout cas faisait glisser son œil de l'un à l'autre et remplissait les interstices et les manques par son éducation architecturale, ses rêves et certainement aussi ses frustrations d'espaces.
Tout cela, je le dis un peu amèrement, a un peu disparu de la nouvelle mouture d'Architecture d'Aujourd'hui.
Voyez ici les images de l'article de l'époque :






Pour finir une autre carte postale de cette église Sainte-Jeanne-d'Arc de Belfort qui ne nous donne pas là non plus de nom d'éditeur ni de photographe mais nous donne le nom de l'architecte Marcel Lods :


On retrouve les beaux pans de béton striant la façade, le jeu des volumes se décrochant les uns les autres au rythme des programmes et l'effet cinétique de ses jeux de claustras entre le campanile et la façade.
On retrouve dans cet exemple l'extrême rigueur de Marcel Lods sachant parfaitement mettre le programme sur la table, réglant ses nécessités avec une économie formelle faisant travailler le matériau à l'essentiel et révélant ainsi que les matières principales de son architecture sont la lumière, la gestion des espaces intérieurs et extérieurs et comment ceux-ci sont traversés, construits, protégés ou révélés par cette lumière.

mardi 24 août 2010

La grille marseillaise et la grille berlinoise


Mon amie Fabienne de passage à Marseille m'a envoyé cette carte postale. Merci Fabienne.
Cette carte postale sans aucun nom d'éditeur nomme pourtant l'architecte mais pas le lieu. On a droit à un Marseille-Le Corbusier bien sec.
Problème des droits à l'image pas obtenus par cet éditeur ce qui l'oblige à ne pas se nommer au dos de son travail ?
Reste que la grille de la Cité Radieuse est ici bien ensoleillée et prise du sol sans aucune échappatoire visuelle. Un peu de végétalisation vient calmer l'ensemble tout en donnant l'impression d'un resserrement sur la parcelle de terrain.
La couleur nous permet de deviner les polychromie sur la façade de la construction.
Passons de l'autre côté :


Cette carte postale Ryner nous montre la cité radieuse cette fois prise d'avion. Le bâtiment semble ici bien dur, moins bloqué presque isolé.
La machinerie spatiale du toit apparaît dans toute sa splendeur et la couleur ici posée sur du noir et blanc fait bien de cette carte postale un objet éditorial des années cinquante. Les ombres des automobiles sont par exemple d'un beau rouge.
Retournons au sol mais cette fois celui de Berlin.


Sur cette édition Klinke and Co en véritable photographie on retrouve la façade ouest. Je vous laisserai jouer au jeu des différences et des similitudes avec celle de Marseille.
En tout cas il s'agit là d'un beau document bien réalisé dans sa photographie, son point de vue et son édition.
Finalement le noir et blanc n'est pas décevant et les polychromies de la façade font un beau jeu de valeurs.
Le Corbusier est nommé Corbusier tout court.
Toujours depuis Berlin :


Un autre éditeur cette fois qui nous donne au verso de sa carte plein d'informations sur la construction.
Sa hauteur 53 m, sa largeur 23 m, sa longueur 141 m, le temps de construction (!) 1 an et demi, le nombre d'étages 17, et le nombre d'appartements 530...
Une information reste pour moi mystérieuse et mon traducteur d'allemand n'est pas assez fort pour me dire ce que peut bien être : Eigenes Postamt. Un bureau de poste propre ?
Si on regarde attentivement on devine encore des tas de terre au pied de la construction qui disent la fin du chantier.
Je vais tenter cela, la rencontre impossible de deux grilles séparées de quelques kilomètres :

dimanche 22 août 2010

si...brutal


Oui finalement j'aime ce genre d'objets architecturaux.
Je sais que pour ce faire, il me faut certainement une certaine dose d'aveuglement historique mais je ne peux résister à ce type de formes dures, brutales et sans concession oscillant en permanence entre une sculpture et une architecture.
L'échelle est certainement la cause pourtant de mon désarroi devant ce genre de construction. Trop monumentale pour ne pas être sérieuse et donc grave et trop petite pour être des architectures brutalistes et utopistes. Surtout, trop réelle !
Mais...
Formellement comment effectivement pourrais-je ne pas aimer ces blocs atterris ici, comme posés contre tout, écrasants et puissants sans politesse.
J'aime.
J'aime aussi leur fermeture, leur inaccessibilité apparente, leur froideur imperturbable. On les sent construits pour des siècles, peut-être d'ailleurs sont-ils des reliques d'un temps très ancien, morceaux abandonnés dont ne sait quelle civilisation ancienne.
Regardez comme les jeunes pionniers aux uniformes impeccables sont littéralement menacés par ce monument à Novorossiisk.
Posé à champ sur la grève, le porte-à-faux triangulaire me fait rêver... oui.
Comme dans les photographies de Nicolas Moulin, un morceau d'architecture mystérieuse abandonnée et à la fonction inconnue semble nous menacer.
C'est sourd.
La puissance politique tient ici dans une volonté de faire image et l'image est violente, forte et sans détour.
La carte postale est datée de 1988 (!) et nous donne le nom de la sculpture "the Small Land", le nom du sculpteur V. Tsigal et le nom des architectes messieurs Ya. Belopolsky, V. Kananin, V. Khavin.
Retour à Varna :


Bunker sculpté, signal puissant sur un promontoire traité en colline pour le supporter, le monument à l'armée soviétique doit être... incontournable !
La massivité de l'ensemble dit la massivité du message.
Ne tergiversons pas s'il vous plaît !
Comme on dit aujourd'hui : c'est du lourd.
Mais je ne peux là aussi m'empêcher de penser et imaginer cette forme à une proportion encore plus gigantesque la transformant en une cité d'une civilisation perdue.
Fragment mégalomane d'un récit de science-fiction.
Colossal.
Pour ce qui est de l'objet architectural, je ne peux pas vous donner le nom de l'architecte et pour l'objet postal l'écriture cyrillique ne me permet pas de vous en dire plus.
la carte postale fut expédiée en 1985.



vendredi 20 août 2010

Pierre Székely, terre et famille

Il y a des cartes postales qui sont comme imprimées et éditées pour ce blog dans une sorte d'esprit rétro-futur, de pré-science, de vision d'avenir.
On les dirait attendant que je m'occupe d'elles, fabriquées pour être un jour lointain publiées sur ce blog.
En voici une bien remarquable :


Les fidèles auront immédiatement reconnu ce type d'objets au premier plan. Objets ne sachant pas s'ils sont des sculptures, des jeux pour enfants, des restes archéologiques d'une civilisation perdue, des morceaux d'une machine du génie civil, des maquettes d'une future architecture.
Ils auront reconnu une œuvre du sculpteur que nous aimons beaucoup ici : Pierre Székely.
Nous sommes à L'Haye-les-Roses devant le groupe Terre et Famille, c'est comme cela que l'éditeur Raymon nomme sa carte postale.
Le nom de notre sculpteur n'est pas inscrit ni la date mais nous devons être en 1958 !
Eh oui...
Dans l'ouvrage de Monsieur Vincent Romagny Anthologie Aires de jeux d'Artistes on trouve des informations plus précises.
Il semblerait que Monsieur Székely ait probablement travaillé avec l'architecte André Mahé et également avec Vera Székely et André Borderie.
On trouve aussi quelques images :



Mais j'ai envie de revenir sur cette carte postale.
Le photographe sait qu'il tient quelque chose, il sait que ces formes sculpturales sont à construire en tant qu'images contre les architectures qui écrivent une ligne à l'arrière plan. On sent une jubilation à l'opposition des formes entre les sculptures-jeux et les petits immeubles. Il ne s'agit sans doute pas d'une position critique, non, mais juste quelqu'un qui se fait prendre, saisir par la qualité, l'étonnement et l'originalité de ces objets dans le cadre urbain. Venir ainsi s'accroupir si proche de ce volume au premier plan c'est bien signifier que cet objet est ce qui signe ici le paysage urbain.
On notera également l'absence totale d'enfants dans cette carte postale, ce qui renforce d'une certaine manière l'étrangeté supposée des formes, leur utilité.
Certainement une des plus belles œuvres du sculpteur Székely car œuvre "praticable" mais aussi certainement une de mes plus belles cartes postales.
Il faudra que la mairie de L'Haye-les-Roses fasse un effort et s'occupe de cette œuvre correctement.

jeudi 19 août 2010

volumétries de banlieue

D'abord deux cartes postales Lyna qui nous font découvrir la cité Irène et la cité Isabelle de Sevran :



Ces deux cartes postales sont dues à un photographe bien connu ici Monsieur J.E. Pinet. On voit un ensemble immobilier aux façades parfaitement dessinées offrant une grande originalité spatiale jouant aussi avec une polychromie bien menée. J'aime les pignons d'angles animés par des balcons qui finissent en triangles. J'aime la rondeur généreuse des gardes-corps qui épaississent l'ensemble et lui donne un caractère solide et massif.
Les gardes-corps semblent aujourd'hui avoir pour certains d'entre eux disparu et été remplacés par des éléments tellement anodins et tristes. Dommage.
Mais ces cartes postales ne nous donnent pas le nom du ou des architectes de ces petits ensembles vraiment remarquables et étonnants.
Monsieur Pinet les photographie d'un peu loin plaçant beaucoup (trop ?) de parking au premier plan certainement aussi pour dire la verdure, le parc au pied des immeubles.
Je poursuis avec du bel art :


Nous sommes à Créteil à la cité des bleuets.
Même si la carte postale Scintex nous montre l'ensemble d'un peu loin, on devine parfaitement la qualité du traitement de la façade, sa rugosité si particulière et une chose qui ne trompe que rarement en architecture, le traitement des ouvertures.
Pour ce qui est de la critique et de la définition architecturales je laisserai parler notre guide d'architecture contemporaine en France.



Pour ce qui est de la prise de vue, il faut noter ce goût encore pour le premier plan tout en verdure ici tenu parfaitement par le sapin cadré... au milieu de la carte postale.
La carte postale n'indique ni le nom de l'architecte ni la date. Reste un travail d'une grande expressivité plastique qui démontre que le logement social peut et doit être beau. C'est la moindre des politesses que nous devons à Monsieur Bossard, architecte.
Puisque nous parlons de beauté :

Il s'agit du Foyer Maurice Ravel à Nanterre.
Tout est pour moi.
L'architecture au comble de sa jubilation modulaire, de sa structure affichée, de son béton sensible.
Jeux sobres d'une forme qui se décline dans la conscience d'un plan et surtout d'une fonction, confusion visuelle libératrice et ludique qui démontre le plaisir d'un jeu savant d'une forme sous le soleil...
Un vrai lieu.
L'éditeur Lyna réalise là encore un incroyable document par ce point de vue édité en carte postale et c'est encore Monsieur J.E. Pinet derrière l'objectif qui réalise ce cliché.
Je veux vous rencontrer Monsieur Pinet !
L'architecte ?
Eh oui j'allais l'oublier. Regardez derrière les barres colorées... Alors ?
Oui il s'agit de Monsieur Jacques Kalisz.



mercredi 18 août 2010

Shanghai Enjoy !

Alors là vous allez avoir les yeux qui vont sortir de la tête !
Et surtout plein de questions pour lesquelles je ne pourrais pas vous donner de réponse car je ne parle pas chinois !
Mais à la rentrée scolaire je sais vers qui je me tournerai !
Alors regardez ces cartes postales qui viennent de Chine, oui elles furent commandées par votre serviteur directement en Chine via un site de collectionneurs.
Lorsque j'ai vu ces images étranges je n'ai pu résister à la tentation :









Alors ?
Je vous assure que je n'ai rien trafiqué et que ces mains portant un cadre et systématiquement placées devant la ville sont bien imprimées !
J'adore cela j'avoue...
Mais que signifie cette occultation ? Que veulent dire les douze croix percées dans ce rectangle blanc ? On remarque que ce cadre passe une fois à gauche une fois à droite et que sa présence quoique toujours très marquée diffère légèrement selon les cartes postales. On remarque aussi que le vêtement du porteur de pancarte est toujours lui aussi identique et neutre.
Est-ce une forme de protestation contre la politique architecturale ? Un test pour imprimer correctement les cartes postales ou pour une mise au point parfaite ? L'oeuvre d'un artiste contemporain chinois (ou étranger d'ailleurs) ? une bonne blague faite à la curiosité d'un occidental ?
Voici le dos des cartes postales, dos toujours identique :


Alors ?
Claude ? Ta connaissance du chinois peut-elle nous aider ?
Il faut aussi s'attarder sur les morceaux de ville derrière cette pancarte car il y a de beaux morceaux dont malheureusement je n' arrive pas à trouver de nom d'architecte sauf pour la première carte postale sur la liste qui représente un musée par l'architecte Xing Tonghe.
Alors pour le reste, jouons ensemble à un quizz et jouissons de Shanghai grâce à Shanghai Enjoy Postcard !

mardi 17 août 2010

Dieu aime les pointes

Si on en croit l'art sacré contemporain, Dieu aime les pointes.
Nous avions déjà remarqué cet élan vers le ciel dans d'autres articles mais voici à nouveau une série de cartes postales et surtout de constructions qui confirment que pour louer Dieu rien ne vaut une belle pointe, un beau triangle pointe en l'air.
Il ne faut pas trop vite juger les architectes modernes et contemporains sur cette fantaisie car après tout, tous nos clochers sont aussi des aiguilles plantées dans le ciel.
Commençons donc par l'étranger avec une bien jolie carte postale norvégienne nous montrant la Tromsdalen Kirke, l'église de Tromsladen.


Une succession de triangles se rapetissant vers le centre de la construction laisse un espace entre eux qui fait passer la lumière. 11 triangles, 12 aurait été plus... symbolique !
Je ne sais pas ce qui a pu conduire l'architecte à une telle rigueur géométrique mais on devine les analogies formelles : montagne, glace, flèche, tente et soufflet d'accordéon (?)
Cela fait bien signe dans le paysage, cela est parfaitement original (donc cela se veut moderne) et cela ne manque pas de compléter la collection d'architectures excentriques et curieuses de l'art sacré contemporain. Mais c'est beau aussi surtout je crois par la lecture de la structure.
Depuis le pont cela doit se repérer à des kilomètres dans des oh ! et des ah! des automobilistes.
La carte postale est en tout cas bien éditée avec une belle photographie de Giovanni Trimboli pour les éditions Grako Kortforlag.
L'architecte serait Jan Inge Hovig. L'église fut construite entre 1960 et 1965.
Revenons en France avec une belle église :


Nous sommes au Mont-Cenis, devant la chapelle qui abrite également un musée. La carte postale Iris pour Lumicap nous la montre parfaitement intégrée dans son paysage, du moins tente de nous faire passer ce sommet pour l'un des sommets de la montagne en perdant l'architecture dans le paysage. Mais elle résiste et ses arêtes franches et belles donnent du fil à retordre à cette intégration !
J'aime beaucoup ça cette dureté et cette étrangeté formelle alors que là aussi les analogies avec la nature pourraient sembler être le désir de cette forme si commune, une pyramide.
Mais ici, c'est parfait juste décalé comme il faut et aussi tout gagne à cette dureté formelle sans aucune concession. On admirera le lisse des pans de mur sans fioritures.
Superbe.
Superbe comme souvent les réalisations de ce cabinet d'architectes connus sous le nom d' Atelier d' Architecture en Montagne.

On retrouve cette chapelle ici appelée prieuré sur cette très jolie carte postale Covin expédiée en 1971. L'éditeur nous donne là aussi le nom de l'Atelier d'Architecture en Montagne comme architecte mais aussi Eve Hanrioud pour les sculptures que... nous ne voyons pas !
Mais la carte postale dans son ton bleu généralisé et dans la belle opposition entre l'objet architectural et le paysage est un beau document.
Encore un peu :


ici le Prieuré du Mont-Cenis est totalement perdu dans son paysage de montagne et perd totalement son échelle. Mais la forme tient toujours et sa solidité géométrique oblige bien l'œil à la considérer.
C'est fort une pyramide !
Les éditions Jansol ont fait aussi un beau travail et la photographie rend parfaitement la transparence et la netteté de l'air montagnard.
Un peu moins en altitude :


L'église des Trois-Epis est une belle chose. On retrouve là dans cette réalisation l'architecte Pierre Dumas associé ici avec Monsieur Keller.
On retrouve bien aussi les principes constructifs de l'époque avec encore un toit en paraboloïde hyperbolique parfaitement tendu sur une structure en lamellé-collé. La carte postale Europ met en évidence la différence de traitement entre les deux parties, une très ouverte sous colonnade et l'autre totalement occultée. L'ensemble rattrape la pente du terrain à droite.
On voit aussi sur le toit des hublots que, si l'on veut faire référence, nous nommerons canons de lumière !
J'ai la chance de posséder une petite série de trois cartes postales de la maquette de cette église et elles nous permettent de mieux saisir le plan et la forme de l'édifice. Les trois cartes nomment bien Monsieur Keller mais oublient Monsieur Dumas.




Reste un bel édifice qui ne reçut ses trois épis qu'en ...1991.