lundi 11 janvier 2010

comme un sapin

édition Metz, Tübingen d'après un Agfacolor

Encore une église moderne...
Oui...
Et allemande.
Mais quoi ?
Vous ne voudriez que de l'habitat collectif, que du civil ?
Il m'a suffi de voir une nouvelle fois ce désir de pointe qui chatouille le ciel en clocher, ce désir de triangle qui fait moderne pour subir l'attrait immédiat de cette carte postale.
Et puis le photographe, comme pour bien nous dire sa compréhension du travail à l'imitation de la nature par l'architecte, nous a placé un sapin bien dans le champ de l'image.
Triangle pointu vers le ciel, lui aussi.
Tout cela pris dans un creux de branches forestières, l'église semble ainsi surgir au détour d'un chemin, comme une chapelle votive, un calvaire ancien.
Elle a sa place.
Maintenant architecture :
Le numéro de l'Architecture d'Aujourd'hui n° 125 d' avril-mai 1960 nous donne le nom de l'architecte Monsieur Rainer Disse qui fournit aussi ses propres clichés !
Alors admirons :










beauté allemande

Parfois c'est dans les livres et c'est facile.
Parfois c'est aussi un peu vieux.
Mais quand c'est beau...

édition I.W.B. sans date

Le recto de la carte vous dit sa localisation : Berlin, Neuköllln. Hermannplatz mit Karstadt-Haus.
Mais pas le nom de l'architecte.
C'est aisé à trouver et le livre moderne grüsse, modern greetings que j'évoque parfois nous le donne, il s'agit de Philipp Schaefer.
Le bâtiment n'existe plus aujourd'hui.
On remarquera là aussi entre la carte postale que je possède et celles du livre une permanence du point de vue permettant simplement de contenir par l'éloignement la totalité de la masse impressionnante du bâtiment. Rien ne nous dit la terrasse fabuleuse sur le toit mais heureusement on trouve tout cela sur internet.
La façade est comme deux énormes presse-livres faits de têtes de buildings qui serrent et contiennent la rigueur d'un dessin.
Ne dirait-on pas en effet deux gratte-ciel écourtés et jumeaux pris dans un socle d'un troisième gigantesque ?
Regardons aussi l'étrange proportion du dernier petit (?) volume terminant les deux tours.
Drôles de proportions non ?
Le flou du sol, l'animation, la taille même de la construction hors-normes et la qualité d'impression pourraient laisser croire à une idéalisation, une image promotionnelle. Mais c'est bien le réel et la lentille photographique un peu juste dans les bords de l'image, générant cette rondeur sans netteté franche, produit une image entre mélancolie rêvée et document.
Dans l'ouvrage, une autre carte postale nous montre le bâtiment de nuit et son jeu d'éclairage. La masse surgit d'un bloc dans la nuit et produit son propre halo. Les deux sommets des tours puissamment éclairés d'un blanc dur concurrencent la ligne des vitrines elles aussi éclairées, ce qui pose l'immeuble doucement, comme soulevé.
Des lignes blanches tentent de rythmer et d'affiner l'immeuble en vain.
La ville est vide et c'est pour personne que le monstre tente sa révélation dans la nuit.
A moins que le temps de pose trop long n'ait fait des spectateurs des fantômes trop mouvants pour se fixer.

Voici les deux cartes postales reproduite dans Moderne Grüsse, Modern Gretting chez Arnoldsche éditeur (2004)