lundi 1 mars 2010

l'architecte et les cartes postales

En février 2007 (déjà !) j'écrivais un article sur deux cartes postales consacrées à l'hôtel de Ville de Lillebonne en Seine Maritime, cartes postales m'ayant permis de découvrir près de chez moi une oeuvre de Claude Parent.
Hier, je trouve dans ma boîte aux lettres ça :





Ces trois cartes postales me sont directement adressées par... Claude Parent via Madame Carel qui a eu la gentillesse, sur la demande de l'architecte, de les retrouver pour moi.
Il aura donc suffi de deux ans presque jour pour jour pour que j'aie la chance de voir ainsi se concrétiser cette relation. Comment aurais-je pu à l'époque penser cela ?
Les trois cartes postales sont des éditions Normandes Le Goubey. Pour les deux vues aériennes c'est SAROFOT qui a effectué le point de vue et pour la vue en contre-plongée c'est un cliché du Studio Dominique de Lillebonne.
Les vues aériennes permettent de lire les volumes, de comprendre un peu mieux comment les formes obtuses se rencontrent, jouant de basculements et de failles et donnant aux vues depuis le sol d'étonnantes accélérations de perspective soulevant ou écrasant à l'envi sol, murs et parvis.
Mon souvenir de la visite m'offrit d'abord une impression d'échange entre les deux parvis avec une sorte de rue intérieure.
La bâtisse agit en fait comme une "machine" municipale, un nœud souple bien que tendu où les articulations et les fonctions, clairement établies, offrent pourtant une impression générale puissante et lyrique.
Ici nous sommes dans des failles habitées, et le bureau d'accueil s'offre soudain comme une place intérieure dégagée dans les éclats de l'ensemble.
Car le vocabulaire ici est bien celui de la brisure, de la rupture d'une forme et de ses incisions. Rencontre de pointes.
L'ensemble, dans un caractère bien moins brutaliste, offre encore pourtant par sa géométrie un travail formel rude et dans certains matériaux et couleurs presque High-Tech.
Mais le plus remarquable reste tout de même cet expressionnisme lié surtout aux orientations toujours contre-carrées des murs et des fuyantes déformant les fuites optiques.
Il faut aussi dire que le bâtiment se sort très bien du dénivelé du terrain offrant dans la salle des mariages une ouverture sur la ville comme un balcon public.
Je remercie donc vivement Madame Carel pour ces cartes postales et Monsieur Parent qui se fait là un efficace passeur pour ma collection !