mardi 27 avril 2010

tous les enfants de Brétigny-sur-Orge


La carte postale a été expédiée en 1968, en juin.
Le calme revenu.
Mais les enfants sur la carte ont peut-être été de ceux qui ont manifesté.
En effet, on voit bien qu'ils sont de cette génération.
On voit aussi une incroyable émotion.
Quelle belle image !
Je repense à cette photographie de Hilla Becher avec son mari. Ici.
La cité Pasteur est de monsieur M. Michelin, architecte.
La carte postale est une édition Combier.
Le photographe n'a pas pu passer le barrage de la propriété privée.
Le barrage ?
Une ligne d'enfants protégeant leur domaine.
Où êtes-vous passés les gamins ?
Après le passage du photographe, vous avez repris vos vélos, vous l'avez suivi jusqu'à sa voiture l'assaillant de questions :

C'est quand qu'on pourra voir ?
C'est votre métier ?
Elle roule à combien la Peugeot ?
Pourquoi vous faites ça ?
Ça gagne bien comme métier ?
T'as pas des bonbons ?
On peut aussi faire les autres photos ?
Tu vas où ?
Vous faites toutes les cités ?
Mon frère aussi il fait des photos, c'est pas le même appareil ?
T'en as combien des appareils ?
Waaaa... le matériel ! c'est à vous ou à l'usine de cartes postales ?
On en aura gratis des cartes ?

Puis la Peugeot est repartie.
Et je veux vous les montrer tous ces enfants, tous.
Alors les voici :

Le plus jeune ?

Le plus indifférent ?

C'est quoi ce mélange, bottes en plastique et blouse grise ?

Le soleil dans l'œil.

Une paire de lunettes toute neuve ?

Qui a tricoté ce gilet de laine ?

Sûrement le plus vieux de la bande.

Ces deux là, je n'ai pas eu le cœur de les séparer.

Quelle punition pour le phare cassé sur le vélo ?

Un short de scout ?

la demoiselle bien dubitative...

trop marrant ce type avec son appareil !

Regarde-moi bien toi...

C'est pas tout ça mais je dois aller au pain...

Et rapidement je m'amuse à replacer cette petite troupe dans notre époque :




Elisabethville, un plan d'urbanisme

Dans le lot d'hier je montre aujourd'hui :



D'abord j'ai reconnu l'église étrange, puis j'ai montré à Madame M. les petites constructions sur pilotis en lui disant que c'était bien marqué par son époque et que c'était intéressant pour moi. Nous avons aussi regardé l'espace libre entre les petites constructions et au fond l'usine terminant d'un trait l'horizon.
L'église est du prolixe architecte Paul Tournon. Elle fait partie de ce style très particulier hésitant entre une modernité surtout apportée par le choix du matériau et un mélange de styles allant d'un art-déco tempéré à une exubérance massive très Métroplolis.
On peut au choix, trouver cela parfaitement laid car loupant le coche d'une certaine rigueur et sécheresse d'avant-garde, soit totalement débridé et fantasque, typique de compromis et du désir de rester inscrit dans une tradition. J'aime !
Ce qui est aussi remarquable ici c'est la manière dont elle est posée dans le paysage comme un rocher, un peu ramassée sur elle-même attendant que la ville vienne l'entourer.
Mais... Cela n'arrivera pas car ce qui se passe derrière est une expérience urbaine bien particulière dont on peut comprendre facilement les enjeux et l'histoire dans cet excellent article de... Stéphane Degoutin sur le site de nogoland !
Je ne paraphraserai pas cet article et je vous conseille vivement de le lire. je vous indiquerai seulement le nom de l'architecte de ces petites constructions sur pilotis : Bernard Zerhfuss !




Pour finir rapprochons-nous de l'église Ste-Thérèse de l'Enfant Jésus grâce à cette carte postale Combier. Celle-ci ne vient pas du lot de Madame M.
Celle du début de cet article est une édition Lapie (service aérien) en véritable photographie au bromure.