dimanche 9 mai 2010

La famille Levasseur, une famille gagnante



Ils ont joué et ils ont gagné.
Comme les familles Coudert et Fontana, la famille Levasseur a gagné sa maison grâce au journal "le Parisien Libéré".
La maison est comme celles déjà montrées ici.
Elle semble solide, moderne, pavillonnaire.
L'idéal, le rêve moyen mais heureux.



Et puis le bonheur d'une petite fille jouant dans la cours, le papa fier de son chien et la maman sur la terrasse prépare une orangeade pour tout le monde.


Vous resterez bien pour dîner ?
Il y a un gigot.
Le jardin encore en friche demandera du travail. Les voisins viendront voir les chanceux. Ici, à Saint-Pierre, nous avons connu ça.
Nos voisins avaient en effet eux aussi gagné leur maison.
Ils vécurent dans leur sous-sol aménagé en appartement pour ne pas abîmer la maison...
Ils avaient des chiens, ils étaient gentils, discrets.
Ils sont partis vers le nord.
Mais la famille Levasseur qu'est-elle devenue ?
La carte postale est une édition O.P.G Paris en Cimcolor et la photographie est de Papillon.
Nous sommes à Yerres en Seine-et-Oise allée des Rossignols.


vivre sa vie

Commencer par le détail.
Dire les gens qui sont là.
Pris sur le vif, dans l'exercice simple de leur vie, déambulant, marchant ou même se dirigeant fermement vers un but.
Un travail à prendre, une visite à faire.
Et sur l'espace propre et dégagé d'un parking de supermarché de la banlieue, vivre sa vie.


Il y a là le jeune homme sûr de lui, les bras le long du corps pris dans un blazer bleu foncé. La chemise blanche impeccable, il se dirige sans hésitation vers le photographe de la carte postale.
Pour : lui donner l'autorisation, lui indiquer l'accord de la direction du supermarché, lui serrer la main, prendre sa voiture simplement garée derrière. On ne saura sans doute jamais de quoi est faite cette détermination qui s'inscrit dans une posture droite et altière, un rien chic.


La grande sœur et la plus petite dans un écart bien mesuré des deux corps qui dit sans doute la responsabilité de la première sur la seconde.
A l'arrêt regardant au loin le supermarché, on ne sait rien de la qualité de ce regard. Une admiration pour la nouvelle construction, la tentative de retrouver les parents partis en avant ou simplement la surprise d'une silhouette qui semble connue au loin, une copine d'école, une cousine.
La petite encore dans des vêtements de l'enfance et la grande bientôt une jeune femme. Comme elle a grandi doivent toujours lui dire les amis de sa mère.
Presque stricte, la petite jupe grise de confection s'accorde étrangement avec un gilet moutarde acheté pendant les soldes la saison dernière.


D'un pas rapide un peu dur à suivre, le petit garçon, la main fermement tenue par la nourrice tente de mettre ses pas dans ceux de la femme.
Un fichu sur la tête car on ne sort pas en cheveux, il faut aller faire les courses et rejoindre ensuite la maman à la sortie de son travail.
Ne pas perdre de temps mais le petit bonnet rouge connaît les tentations du grand magasin et une barre de Milkyway ferait bien son affaire. La tension du bras indique cette petite retenue, ce désir frustré.


Dans une alternance qu'on dirait fabriquée, noir, blanc, noir, blanc, noir, la petite troupe bien en ligne se dirige vers le supermarché.
Mais pourquoi sont-ils ainsi en rang ?
Le blanc c'est celui de blouses des vendeuses et le noir celui des copains, maris, fiancés, frères.
Une pause avant de reprendre le cliquetis des caisses enregistreuses mécaniques dont le son résonne encore chez moi.
Prendre l'air et parler des projets pour cet été. Le camping à Royan comme l'an passé ou la montagne. C'est beau aussi tu sais la montagne l'été et ma marraine y a un petit chalet. Cela ne nous coûterait rien.
Mais il faut aussi voir pour les jours de congés de Monique et Paul, le mariage s'annonce bien et sur la liste de mariage un premier téléviseur Radiola ferait bien l'affaire. Comme on travaille là on a droit à une belle réduction et un crédit sans frais.
Vite! On va louper la reprise.


Plus loin, presque comme des points gris, un groupe d'hommes en imperméables regarde la façade de la construction.
On se serre les mains et le chef du chantier rit encore de la peur du gérant que le magasin ne soit pas terminé à temps pour son ouverture déjà programmée dans la presse locale.
On parle expérience, confiance et réalité du marché.
On évoque même déjà l'agrandissement. Mais il faut aussi dire que le bleu est finalement bien visible depuis la rocade, que l'enseigne est assez haute.
L'entrepreneur évoque son prochain chantier vers Barentin en Seine Maritime, le gérant raconte comment il a recruté et le chiffre d'affaire à tenir.
Il dit que comme campagne de publicité il va tenter un truc nouveau, faire éditer une carte postale qui sera distribuée aux clients.
C'est une belle idée, croit-il, il a vu ça lors d'un séjour en Grande-Bretagne l'an passé.
On se sépare là.


La petite averse ne laisse comme souvenir que quelques marques sombres sur le bitume, le soleil encore bas fait une ombre longue et réchauffe le tronc d'arbre.
Le photographe, oui, le laisse dans le cadre.
Sinon c'est un peu sec un parking de supermarché non ?
Mais les déplacements des uns et des autres forment pourtant des géométries sensibles et évanescentes que rien sinon l'idée qu'on s'en fait permet de percevoir.
Le SUperMArché Suma de Montfermeil les Sept îles affiche des prix bas.
La carte postale Lavielle nous donne les horaires d'ouverture. Le lundi c'est fermé et du mercredi au vendredi ouvert jusqu'à 21h45 !