mardi 17 août 2010

Dieu aime les pointes

Si on en croit l'art sacré contemporain, Dieu aime les pointes.
Nous avions déjà remarqué cet élan vers le ciel dans d'autres articles mais voici à nouveau une série de cartes postales et surtout de constructions qui confirment que pour louer Dieu rien ne vaut une belle pointe, un beau triangle pointe en l'air.
Il ne faut pas trop vite juger les architectes modernes et contemporains sur cette fantaisie car après tout, tous nos clochers sont aussi des aiguilles plantées dans le ciel.
Commençons donc par l'étranger avec une bien jolie carte postale norvégienne nous montrant la Tromsdalen Kirke, l'église de Tromsladen.


Une succession de triangles se rapetissant vers le centre de la construction laisse un espace entre eux qui fait passer la lumière. 11 triangles, 12 aurait été plus... symbolique !
Je ne sais pas ce qui a pu conduire l'architecte à une telle rigueur géométrique mais on devine les analogies formelles : montagne, glace, flèche, tente et soufflet d'accordéon (?)
Cela fait bien signe dans le paysage, cela est parfaitement original (donc cela se veut moderne) et cela ne manque pas de compléter la collection d'architectures excentriques et curieuses de l'art sacré contemporain. Mais c'est beau aussi surtout je crois par la lecture de la structure.
Depuis le pont cela doit se repérer à des kilomètres dans des oh ! et des ah! des automobilistes.
La carte postale est en tout cas bien éditée avec une belle photographie de Giovanni Trimboli pour les éditions Grako Kortforlag.
L'architecte serait Jan Inge Hovig. L'église fut construite entre 1960 et 1965.
Revenons en France avec une belle église :


Nous sommes au Mont-Cenis, devant la chapelle qui abrite également un musée. La carte postale Iris pour Lumicap nous la montre parfaitement intégrée dans son paysage, du moins tente de nous faire passer ce sommet pour l'un des sommets de la montagne en perdant l'architecture dans le paysage. Mais elle résiste et ses arêtes franches et belles donnent du fil à retordre à cette intégration !
J'aime beaucoup ça cette dureté et cette étrangeté formelle alors que là aussi les analogies avec la nature pourraient sembler être le désir de cette forme si commune, une pyramide.
Mais ici, c'est parfait juste décalé comme il faut et aussi tout gagne à cette dureté formelle sans aucune concession. On admirera le lisse des pans de mur sans fioritures.
Superbe.
Superbe comme souvent les réalisations de ce cabinet d'architectes connus sous le nom d' Atelier d' Architecture en Montagne.

On retrouve cette chapelle ici appelée prieuré sur cette très jolie carte postale Covin expédiée en 1971. L'éditeur nous donne là aussi le nom de l'Atelier d'Architecture en Montagne comme architecte mais aussi Eve Hanrioud pour les sculptures que... nous ne voyons pas !
Mais la carte postale dans son ton bleu généralisé et dans la belle opposition entre l'objet architectural et le paysage est un beau document.
Encore un peu :


ici le Prieuré du Mont-Cenis est totalement perdu dans son paysage de montagne et perd totalement son échelle. Mais la forme tient toujours et sa solidité géométrique oblige bien l'œil à la considérer.
C'est fort une pyramide !
Les éditions Jansol ont fait aussi un beau travail et la photographie rend parfaitement la transparence et la netteté de l'air montagnard.
Un peu moins en altitude :


L'église des Trois-Epis est une belle chose. On retrouve là dans cette réalisation l'architecte Pierre Dumas associé ici avec Monsieur Keller.
On retrouve bien aussi les principes constructifs de l'époque avec encore un toit en paraboloïde hyperbolique parfaitement tendu sur une structure en lamellé-collé. La carte postale Europ met en évidence la différence de traitement entre les deux parties, une très ouverte sous colonnade et l'autre totalement occultée. L'ensemble rattrape la pente du terrain à droite.
On voit aussi sur le toit des hublots que, si l'on veut faire référence, nous nommerons canons de lumière !
J'ai la chance de posséder une petite série de trois cartes postales de la maquette de cette église et elles nous permettent de mieux saisir le plan et la forme de l'édifice. Les trois cartes nomment bien Monsieur Keller mais oublient Monsieur Dumas.




Reste un bel édifice qui ne reçut ses trois épis qu'en ...1991.