lundi 1 novembre 2010

Liban brutaliste

Le Liban est un nom qui résonne encore pour moi avec le mot guerre.
Alors, lorsque Claude m'apporta cette série de cartes postales de ce pays, je me suis souvenu que ce dernier avait bien évidemment connu autre chose.
Je ne pouvais pourtant m'empêcher de chercher dans les photographies de M. Nacouz des traces ou des prémices de cette histoire douloureuse.
Mais tout au contraire, ces images pleines d'une vie banale et heureuse me ramenaient dans un pays finalement comme un autre, plein de voitures, d'enfants sur des manèges, d'architectures laides ou belles, bref un pays en paix.
Les qualités des images de ce photographe tiennent beaucoup dans cette banalité sereine contrastant avec le drame sous-jacent puisque les cartes postales datent de 1985.
Mais revenons à l'architecture.
Voici un exemple superbement brutaliste :


Il s'agit de l'Aquamarina à Maameltein. On y voit une superstructure faisant à elle seule le paysage, comme une falaise artificielle formant un front de mer habitable.


La grande radicalité de l'ensemble n'est pas sans me séduire. Je trouve sur ce site le nom possible de l'architecte Fadi Joseph Karam.
Une autre carte postale :


Nous ne sommes pas sur le chantier de la Grande Motte mais à Kaslik, Solemar. La construction en pyramide peut évoquer rapidement les architectures de Monsieur Balladur mais bien vite des détails nous font comprendre qu'il n'en est rien. L'escalier en spirale qui court le long de la façade et semble desservir des coursives à chaque étage n'est pas du type de la Grande Motte, pas plus que le dessin de la masse générale.


Sommes-nous au début du chantier de construction ? Sommes-nous devant un chantier abandonné ? A droite de l'image voyons-nous des ruines ou une construction en chantier ?
Je suis certain que la 404 blanche garée devant le panneau du promoteur est celle de notre photographe M. Nacouz. Il se gare, monte sur le talus et prend la photographie. Ceux qui voudront acheter un appartement dans cet établissement pourront se rendre ici !
Un peu plus en ville :


Nous sommes à Antelias sur la place centrale.
Mais quelle est cette énorme construction sombre et aux volumes bien déterminés ?
Je n'arrive pas à le savoir. Un hôtel ? Une construction administrative ?
Mais quelle image !
La petite maison devant semble bien menacée et la vie grouillante tout autour est rayée par les fils électriques.
Autre lieu :


Cette fois nous sommes à Harissa, juste sous Notre Dame du Liban et de la Basilique que l'on devine à droite.
D'ailleurs celle-ci semble bien en chantier car la façade est encore ouverte et laisse voir les échafaudages. Voici quelques images volées sur internet nous montrant cette basilique terminée. Elle est, pour le moins, étonnante... Mais je n'ai toujours pas de nom d'architecte à vous donner.


Quittons les constructions cadrées pour revenir à la hauteur du piéton. le photographe nous emmène voir la vie.



On y voit la vie de tous les jours et le photographe semble particulièrement s'attacher à la circulation automobile.
Il va jusqu'à nous montrer une chose assez rare en carte postale : un embouteillage au rond-point Nahr El Not.


Dans le cadre de son appareil photographique une station-service, une Opel et le dos d'une Renault 12, des immeubles modernes.
J'imagine bien notre photographe coincé là, décidant que finalement il serait intéressant de prendre aussi cela en photo comme une image possible du Liban.


Je finirai par la fête, la joie des enfants partout la même autour des manèges.
On entend la cacophonie des musiques, les cris des gamins, les admirations des parents.
Le manège démarre.


Un petit garçon est figé dans une pose qui semble presque artificielle. Il vise l'hélicoptère doré car Goldorak est déjà occupé.
Vas-y ! Monte !

Toutes ces cartes postales sont des éditions Diascope. Elles sont toutes de la série Liban La Vie (oui) et elles sont toutes de M. Nacouz.
Merci à lui.
Merci Claude.