samedi 31 décembre 2011

le trou des... de... dans la mémoire.

L'année 2011 aura pour moi été avant tout celle de Sens, de l'aboutissement du dossier du centre commercial de Monsieur Parent et de son inscription à la liste supplémentaire des Monuments historiques.
Mais...
C'est aussi l'année de la destruction fatale du forum des halles que rien n'a pu sauver. On ne discutera pas ici encore de l'opportunité d'une telle destruction c'est maintenant trop tard mais nous regarderons au travers de quelques cartes postales devenues aujourd'hui des documents d'archives et des pièces à conviction une architecture qui ne déméritait pas bien au contraire.
L'histoire de Paris est passée dessus et je crois que ce qui se construit aujourd'hui verra dans 20 ans l'histoire de Paris lui passer dessus aussi.
Je suis pour que le trou des halles devienne un chantier permanent. Nous pourrions y tourner encore des westerns.
Je vous propose de voir une bien curieuse carte postale des halles qui résonne aujourd'hui de manière surprenante :



Cette carte postale nous propose en effet en deux vues, un jeu d'avant-après assez étonnant et donc démontre déjà une nostalgie marquée pour les halles de Baltard. Mais ce qui est vraiment étrange c'est que la vue du dessous, du chantier du forum en construction est quasi à l'identique celle de l'état actuel de la démolition...



Au dos de cette carte d'un format un peu plus grand que d'habitude, l'éditeur Procodif parle d'aménagement. La carte postale fait partie d'une série "Rétrospective" et porte le N°2. Verra-t-on des cartes postales fleurir aujourd'hui de la sorte avec en haut le forum des halles et en bas son nouveau chantier ?
Un souvenir....



Cette très belle carte postale du forum qui met bien en avant le pli des coins des tunnels de verre et l'animation dudit forum est de l'éditeur Chantal qui nomme bien les architectes Messieurs Vasconi et Pencreac'h. Mais en haut de l'image je remarque une sorte d'installation colorée, une sculpture (?). Qui pourrait nous dire de quoi il retourne ?



Chez Yvon éditeur :



Nous sommes dans une des galeries et nous regardons à travers la structure très troublée par un jeu d'ombres. Pourtant le photographe réussit à caler l'église Saint-Eustache dans les montants de cette structure et on voit également le beau volume jaune en toile tendue. Le grand mur gris est celui où le peintre Fabio Rieti fera sa belle intervention. Il s'agit là d'une très belle image d'un lieu aujourd'hui disparu.
Chez Chantal éditeur :



Ce plongeon dans le cœur nous montre le très beau traitement des volumes. J'aimais tout particulièrement l'escalier. Le point de vue très serré est assez curieux mais fait sensation ! C'est bien animé, vivant.
Par Albert Monier pour Image In éditions :



Le grand photographe de cartes postales tire son image vers le bleu qui teinte le verre du Forum. Il réussit à replacer la ville sur le dessus de l'édifice rendant mieux compte des niveaux de la construction. On devine bien les "parapluies" que l'on retrouve ici :



Cette carte postale des éditions Bernard par Philippe Varennes est datée par la Poste de 1997 mais l'image est bien plus ancienne. Le cadre bordeaux et doré ainsi que la typo de Paris veulent donner un côté chic à cette photographie qui pourtant n'en avait pas besoin, le photographe s'étant habilement amusé des parasols et des "parapluies". On passera sur le mobilier de la terrasse qui est une horreur totale, imitation épouvantable des chaises de bois Thonet.
Pour finir, la nuit tombe...



Quelle image !
Quel souvenir !
Cette édition OVET de 1985 nous invite à emprunter l'escalier. Regardez comme le prisme blanc lutte contre la dégringolade des marches... Vraiment superbe.
Et la grille rétro-éclairée du forum était encore comme pétillante et joyeuse.
La photographie est de Jacqueline Guillot.
Je vous propose quelques images de la démolition...

Et sur cette bâche blanche tendue par des ouvriers on pourra tout à loisir projeter des souvenirs nostalgiques ou des espoirs constructifs pour l'année 2012.
Bonne année à tous.








mardi 27 décembre 2011

Les Linandes en couleur

J'avais entrepris de rechercher des cartes postales du groupe de logements Les Linandes sur la demande du Pavillon de l'Arsenal.
J'avais trouvé ça et ça :



Les deux cartes postales des éditions Lyna sont des photographies de Ralf Walter, un incontournable de ce blog.
Il choisit de nous montrer la ville nouvelle bien implantée et prise dans son espace vert déterminant toujours au premier plan des espaces libres, de jardins ou de jeux. Finalement il ne fait rien d'autre que de rendre compte de la réalité du lieu, et je m'excuse, mais oui, il arrive à la photographie de dire le réel. Il ne faut pas en avoir honte...
Ce qui saute aux yeux c'est bien évidemment la polychromie de l'ensemble qui travaille le jeu des volumes en soulignant et aussi en même temps en brouillant parfois la lecture des façades. C'est simplement superbe comme travail mais je n'ai pu trouver aucun renseignement sur ce travail fin de peinture sur l'architecture. Pourtant, il semble que cela fut bien une "mode" si on regarde le travail de Jacques Kalisz, Emile Aillaud ou même dernièrement sur ce blog le travail des gradins-jardins de messieurs Andrault et Parat.
La couleur se pose souvent soit comme un mode de liaison au paysage, sorte de passage entre le sol et le ciel, soit comme affirmation d'une réminiscence des volumes. C'est, je crois, le cas ici et les couleurs chaudes de terres de Sienne, d'ocre et d'ombres brûlées peuvent à l'envi jouer de l'architecture de terre ou des façades vénitiennes...
Pourrait-on dire qu'aujourd'hui la couleur revient par l'intermédiaire des sérigraphies sur nos façades contemporaines, sérigraphies parfois cache-misère architecturale et solution un rien Artie pour faire dans le coup...
Mais on préférera ça à cette mode du rose saumon qui monta sur nos ravalements de façade à la fin des années 80 début des années 90...
Reste que cet ensemble des Linandes est très beau, sophistiqué même et que la ville de Cergy possède là un héritage moderne dont elle se doit de préserver l'originalité, la qualité et la polychromie.
Cet ensemble des Linandes serait (pas d'affirmation certaine) du grand architecte Roland Simounet, excusez du peu...
Ironie des images et des mots, au dos de la deuxième carte postale expédiée en 1987, la réponse à un jeu nous dit : " Celui qui aime bien, jamais n'oublie."
Pas de doute que l'ensemble des partenaires municipaux, urbains et patrimoniaux de Cergy aiment les Linandes. (Enfin on espère.)
un collage :




jeudi 22 décembre 2011

la politesse d'un bilan.

Il est temps de tirer le bilan de l'année 2011 qui fut, il faut bien le dire pour ce blog, d'une incroyable richesse et pleine de rebondissements.
On commencera par la fin avec quelque images de mes cartes postales sélectionnées par le Pavillon de L'Arsenal pour leur nouvel espace d'exposition sur Paris.
Merci Christine Hoarau-Beauval et à toute l'équipe pour cette collaboration vive et pétillante.
Hier je fus même surpris par la quantité de cartes postales choisies finalement. L'espace est superbe et la maquette numérique fait parfaitement son travail. L'ensemble est d'une belle richesse et ne loupez pas les petites vidéos sur les écrans tactiles. Celle reprenant un film d' Epstein avec Perret et Le Corbusier est simplement incroyable ! Ainsi que la vidéo sur le C.N.I.T où l'on peut entendre Messieurs Zehrfuss et De Mailly sur le chantier...Une visite s'impose.

Un peu au hasard de mes souvenirs :

exposition à la Maison des Arts d'Evreux d'une grande partie de la collection sur invitation du Comité de Vigilance Brutaliste par Emmanuel André. Merci.

conférence au Café Perdu à Rouen. Merci.

publication dans étapes (graphiques) d'un article sur la collection et sur ce blog. Merci.

participation au colloque de l'Institut National du Patrimoine autour de la carte postale comme document de recherche. Merci

participation au colloque sur le Label Patrimoine du XXème Siècle à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine de Chaillot. Merci.

achat par le F.R.A.C Haute Normandie d'une partie de la collection exposée à Evreux. Merci.

résidence du Comité de Vigilance Brutaliste au PLOT HR avec Thomas Dussaix, édition de cartes postales. Merci Jean-Paul Berranger et Marc Hamandjian.
exposition instabilisation(s) en conclusion.

conférence à Marrakech à la Dar Al-Ma'Mûm Artist Regency sur une carte blanche offerte à Nicolas Moulin. Merci.

Nomination comme blog du mois par la "Ressource" de la Cité de l'architecture et du Patrimoine. Merci.

un article dans le journal La Croix. Merci.

un peu plus de 230 000 pages lues depuis son existence...

Et...

l'inscription sur la liste supplémentaire des Monuments Historique du centre commercial de Sens dans l' Yonne dessiné par Monsieur Claude Parent.
Je n'en reviens toujours pas.

MERCI A TOUS, merci pour votre fidélité, vos messages d'encouragement, vos critiques constructives et toutes ces opportunités de faire aimer cette architecture du XXème siècle, la nôtre, la défendre et la faire partager par un moyen populaire et superbe : la carte postale.
Merci aussi pour vos envois de livres, vos donations, vos envois de cartes postales !

L'année prochaine s'annonce également très riche...on verra !

Quelques vues du Pavillon de l'Arsenal qui ne rendent pas le fourmillement de la documentation et la scénographie:


















mardi 20 décembre 2011

en gradins, en jardins

La ville de Vermelles a de la chance. Sur son sol, messieurs Andrault et Parat ont construit ça :



un détail :


La Résidence "Rénovation" est du type gradins-jardins que j'affectionne tout particulièrement.
Ce type de semi collectif dont nous évoquons ici le plus souvent possible la parfaite quadrature du cercle privé-collectif.
Ils sont dans leur image évocateurs d'une influence nord-africaine avec leur toit-terrasse, les communications parfois incroyables entre les appartements. Ils sont aussi une sorte d'écho à Moshe Safdie et son superbe ensemble pour Montréal Expo 67.
Les gradins-jardins fonctionnent le plus souvent parfaitement bien. Les jardinières dégoulinent littéralement de végétation au printemps, les terrasses se couvrent du linge qui sèche, les parasols criards cachent des goûters aux enfants... criards et une sorte d'ambiance étonnante s'en dégage pour qui passe au pied ne sachant plus très bien si oui il peut monter par là ou non.
La vie.
J'accompagne cette carte postale Combier de Vermelles avec des photographies de deux spots de gradins-jardins. L'un sur les hauteurs d'Evreux, l'autre à Fontenay-les Roses. Dans les deux cas parfaitement entretenus et vivants.
Je montrerai un jour ceux de Cléon et ceux d'Amfreville-la-Mivoie.
Merci à Emmanuel pour celui d'Evreux.
Evreux donc :






Fontenay-aux-Roses :



Et ça est-ce vraiment encore du gradin-jardin de messieurs Andrault et Parat ? En tout cas j'aime ça ! Le jeu des escaliers et des volumes est superbe non ?




lundi 19 décembre 2011

aires de jeux au pied de l'architecture

Une petite suite de cartes postales sur l'espace dédié aux enfants au pied de nos architectures. C'est un objet d'étude qui semble aujourd'hui trouver un nouveau regard et nous avons sur ce blog de nombreuses fois évoqué les qualités de certaines réalisations comme celles de Messieurs Szekely, Jacques Simon ou encore les groupes comme Group Ludic ou Sculpture-Jeux.
On peut aussi se reporter au livre et à l'exposition Anthologie Aire de Jeux d'Artistes par Vincent Romagny chez Infolio ( isbn 978-2-88474-183-5).
Voici donc une manière nouvelle de regarder les lieux et les cartes postales qui disent souvent également la qualité des espaces, tentant de prouver que l'architecture sait parfois se répandre au sol à la hauteur des gamins, alternant préoccupations du design, du paysage et du bâti.
On commence :



Nous sommes à Franconville au pied d'une tour d'une grande banalité, sorte de prototype calme de la tour moderne. Pour ce qui est de l'architecture, à part sans doute, l'efficacité hygiéniste, il y a peu à en dire...
Il en va de même pour les jeux des enfants...
On retrouve la balançoire en tube d'acier, le toboggan en... tube d'acier, le tourniquet en... tube d'acier... et l'inévitable tube... en béton, collecteur des eaux usées qui fait toujours un praticable pas trop cher !



Du sable et les enfants alternant entre vertige du toboggan et mal au cœur du tourniquet finissent par certainement trouver dans la carcasse d'une camionnette ou la friche d'un terrain vague bien plus de joie que dans cet espace sous surveillance hautaine d'une tour grise. On remarquera la maman qui regarde les enfants en blouse faire leur quart d'heure de détente.



On passe...

Où croyez-vous être ?
Allez...
Du marron à l'envi, des cheveux longs sur des épaules d'adolescents désœuvrés en pantalons de velours côtelé, des constructions alignées sans fantaisie...
Nous sommes en Allemagne à Unna-Massen-Nord sur la "Spielplatz" que mon allemand très pauvre me permet de traduire en place des jeux. Immense d'ailleurs ! Regardez comme elle va loin et on la dirait traitée en zones d'âges pour des praticables de plus en plus risqués ! C'est sans doute pour cette raison que le petit groupe d'adolescents a trouvé refuge sous ce tipi de rondin de bois. Mon œil ne peut s'empêcher de loucher sur les trois barres de la chaussure Adidas...





Puis la neige...


Au pied de l'architecture de Monsieur Breuer à Flaine, on trouve sur la neige tombée en abondance une petite structure tout à l'opposé du modèle architectural, une sorte d'édicule jaune très beau :



Ce qui trouble c'est la solitude de l'objet !
Perdu au milieu du vide blanc de la place, sans doute que la neige cache en partie l'aire de jeux.
On notera que la carte postale Théojac nous donne bien le nom de l'architecte Breuer pour cette galerie marchande, le "Cassiopée", l'hôtel des Lindars et l'Aldebaran... Nous sommes en 1977.
Allons à ...



Grigny ! C'est écrit sur cette carte postale multi-vues de chez Estelle éditeur. On s'attardera surtout aujourd'hui sur la fenêtre en bas à droite avec ce jardin d'enfants aux jeux oranges si design comme on dit aujourd'hui !



Admirons les beaux tourniquets en plastique moulé orange qui ressemblent à des soucoupes volantes, la belle échelle en bois jaune et... orange et d'étrange tripodes en plastique orange...
On retrouve surtout cette belle girafe que nous avions déjà vue là. Girafe dont des cordes partent de la tête et qui permettent de tourner en se balançant !
Passons un cran...


Nous sommes à Vichy devant l'ensemble de la Résidence et du Marcotel. Ici non seulement des praticables similaires à ceux de Grigny sont posés sur le sol de sable mais un vrai paysage de jeux est constitué.
Une petite colline se coupe en deux offrant ainsi une échelle de corde pour la traversée, un tube est enfoncé dans la terre et doit sans doute traverser la colline. L'ensemble est bien dessiné, ambitieux et tout est à l'unisson pour faire de cet espace un vrai espace construit et pensé pour le jeu.



Le très beau praticable de bois au premier plan répond parfaitement aux courbes du sol et joue le contraste avec les tripodes de plastique. Un dessin de métal (?) fait de courbes reste mystérieux comme une sculpture de Land Art.
A n'en point douter un bel ensemble pour les glissades, les sauts, les cachettes...