lundi 30 mai 2011

la ronde des enfants de Mourenx

Vous vous souvenez ?
C'était déjà extraordinaire non ?
Eh bien regardez ! ça recommence !


Il s'agit encore d'un cliché de Monsieur C. Roux pour les éditions Arudy-Mourenx !
Je vous le dis jamais deux sans trois.
Une nouvelle fois le photographe a placé une ronde enfantine au pied des immeubles de Mourenx et là, ils dansent sur le parking !


C'est tout de même une série incroyable et des plus émouvantes. Quelle vision de nos grands ensembles !
Il serait tellement passionnant de retrouver le photographe, Monsieur C. Roux, pour qu'il nous raconte comment et pourquoi il a fait ainsi danser les enfants de Mourenx, comment il les a convaincus !
La carte postale nous dit que nous sommes place du marché dans la ville nouvelle. Elle ne nomme pas Messieurs Maneval et Douillet les architectes.
A gauche, une femme passe indifférente. Elle a raison. Il ne faut pas s'attarder trop sur la joie des enfants car elle passe parfois bien vite...

dimanche 29 mai 2011

un Fresnes et un bouleau


Voici une carte postale de Fresnes et plus précisément du Clos La Garenne.
On y voit une barre comme on a le sentiment d'en avoir vu plein ailleurs.
On y voit un arbre, un bouleau en plein centre de l'image.
On y voit... on y voit quoi, là à droite de l'image ?
Regardez ce bâtiment en béton très composé avec un toit en pagode qui remonte, son traitement des ouvertures particulièrement soignées et ce feuilleté de béton qui semble d'ici bien dessiné.
Cette carte postale Sofer nous offre donc un bien curieux point de vue sur la ville de Fresnes et ne nous renseigne pas beaucoup sur son ou ses architectes.
Le photographe aime les arbres jusqu'à en mettre un au centre de l'image et masquer la grille de l'immeuble, ce qui pourrait bien être une déclaration d'opposition.
On peut aussi penser que le vert tendre soudain réapparu au printemps précoce a su séduire le photographe qui en fait ainsi le roi de cette carte postale.
Après tout, il n'y a pas que l'architecture dans la ville. Les arbres et leurs feuillages savent aussi nous raconter des histoires même s'ils sont un peu esseulés...
On compte sur vous pour nous dire qui dessina ce centre commercial de Fresnes.... Et n'oubliez pas d'aller voir ou revoir l'article sur le Clos La Garenne déjà évoqué ici.
Toujours à Fresnes :


Cette carte postale Raymon nous offre une vue de la résidence "Toit et Joie".
J'aime ce bâtiment depuis cette image.
J'aime l'alternance étrange des bandeaux marron (bois ?) et des bandeaux blancs. J'aime la grande quantité de fenêtres et la "tour" qui coupe le bâtiment en deux semblant offrir un autre type d'appartements et j'aime le toit en dent de scie.
Mais je regarde aussi, comme dans la carte précédente, le poteau électrique qui coupe l'image en deux, l'ombre qui vient devant et le petit jardin de banlieue qui semble faire encore sa place sur la droite de l'image.
Et, là aussi, on ignore qui dessina ce bel immeuble.
Au verso, Michel nous dit qu'il est convoqué au commissariat de police suite à son concert de klaxon à la noce...

samedi 28 mai 2011

sur le perron, la Cité le Corbusier


Nous sommes devant l'une des cités radieuses de le Corbusier, celle de Nantes-Rezé.
Nous sommes un peu loin d'ailleurs. Pourquoi ?
Il était pourtant aisé de cadrer plus fort le bâtiment. Il était aisé au photographe des éditions Artaud de s'approcher, de parcourir ce terrain un peu vague empli d'herbes folles.
Que venait-il chercher d'aussi loin ?
La campagne, la verdure ?
Mettre la Cité à la campagne ?
Mais un indice me fait tourner de l'œil au sens propre. Ce perron et cette volée de marches à droite de l'image qui ne mènent nulle part.
Est-ce une ruine de la guerre pas si lointaine que cela ?
Est-ce la destruction volontaire d'une maison de Rezé pour faire place nette à la modernité ?
Mais ce petit escalier m'émeut tout particulièrement, comme une ruine à rêver. J'imagine là, sur ces quelques marches les "au-revoir" nombreux, l'odeur du repas du soir déjà présente, les fesses des gamins assis là en attendant.
Mais je m'égare.
Au fond de l'image tout est radieux, l'avenir, le logement, la France reconstruite. Et les gamins dans les herbes ont du faire de cette petite ruine un château de pirate, une forteresse bouleversante, une île aux trésors.
Alors le photographe sensible au changement d'état de ce lieu aura l'air de rien cadré la liberté des usagers et la transformation de la ville et de la vie.
Regardez bien comme le chemin qui mène à la Cité Radieuse est un chemin d'habitude, tracé par les pas des gens et non par un plan d'urbanisme. Un chemin creux et émouvant.

la carte postale fut expédiée en 1964 au mois d'août.

mercredi 25 mai 2011

quelque chose de transparent

Voici une petite suite de cartes postales qui pourraient bien, l'air de rien, nous dire une certaine France.

Résidence "Bois des Roches", M. Royer, architecte.

Résidence "Lormoy", architecte : M. Gérard Escande.

Résidence "Lormoy", architectes : B. Allain à Paris, Gérard Escande à Paris.

On pourrait, dans l'ouverture généreuse des voies de circulation, dans l'alignement ordonné des immeubles, dans le vert d'une pelouse parfaitement tondue, voir le rêve gentil et un rien assourdissant, une image du projet d'urbanisme des "grands ensembles".
Tout est tranquille, sur les images. (Pléonasme ?)
On aimera l'espace, une propreté publique qui se lit dans le dessin parfait des caniveaux. Tout est à sa place. Les autos au parking, les enfants sur les trottoirs. Rien ne déborde.
Tout cela est finalement assez accueillant et aussi un rien ennuyeux. On pourrait être partout en France. Partout.
D'ailleurs savez-vous où vous êtes ?
Allez je vous laisse chercher encore.
Mais en regardant bien les images on voit bien la différence entre les très grands bâtiments de la carte postale de la résidence "Bois des Roches" et ceux de la résidence "Lormoy".
On pourrait deviner une différence sociale, une opposition due à la densité, à la hauteur des immeubles, à la présence d'une piscine.
Pourtant les deux lieux dans cette même ville portent le même titre de "résidence".
Il n'y a pas, j'en suis certain, d'égalité de programmes. Je subodore un parc privé et un parc public.
Mais...
Que cela soit dans la largeur de l'avenue, le vide relatif de personnages, la luminosité des images et ce bleu du ciel répondant au bleu de la piscine et au gris du bitume, il y a là quelque chose de transparent, d'ouvert qui fait de ces cartes postales de Saint Michel-sur-Orge une sorte de vision idéale de la ville de banlieue. Elles sont toutes les trois des éditions Combier et chose rare nomment les architectes.

lundi 23 mai 2011

Ici et maintenant, le blog "hors les murs"


Bonjour à tous,
Pour cette soirée de découverte en public de ce blog au Café Perdu, j'ai trouvé sur un tourniquet de Rouen cette carte postale nous montrant une vue aérienne bien particulière.
D'abord elle nous permet de nous localiser.
Nous sommes ici non ?


L'autre particularité de cette photographie c'est qu'il est encore possible d'y voir le très beau et déjà regretté palais des congrès de Rouen détruit cet hiver.


Nous, Comité de Vigilance Brutaliste avions déjà dénoncé cette destruction inutile d'un très beau bâtiment pour le voir remplacé par ... le même en plus "moderne" donc en plus..."intégré".
Mais on devine avec ce genre de cartes postales que les éditeurs n'ont pas l'occasion si souvent que cela de faire ce genre de cliché aérien et donc poursuive l'édition de l'image au-delà de sa réalité objective.
A notre plus grand plaisir, les éditions Le Goubey continuent donc de perpétuer le souvenir de ce palais des congrès aujourd'hui devenu un rêve superbe.
Cela nous permet de dire une fois de plus la valeur documentaire et affective d'une carte postale étant dans le même temps un cliché (usure), une preuve, une fenêtre et surtout surtout un support inouï d'imaginaire.
C'est une promenade que je voudrais ce soir faire avec vous. On y va ?
C'est parti !

dimanche 22 mai 2011

au pays des soviets, encore un peu.

Voici en vrac et avec peu d'informations, juste pour le plaisir des yeux, quelques constructions ma foi, solides, qui nous viennent toutes des soviets, de pays communistes.
C'est gigantesque, audacieux, maladroit, superbe, effrayant et sans retenue.
C'est parti !
On commence avec deux cartes postales éditées par Intourist dans les années 80.



Le cinéma "Oktyabr" de Minsk. C'est le cinéma "octobre". Le ciel est bleu, trois femmes reviennent d'une projection.
Toujours à Minsk, le Palais des Sports :


Nous sommes maintenant à Moscou devant le pavillon de l'électricité de l'URSS en 1981 :


On admirera par exemple la très moderne fresque qui court sous l'auvent. Mais je sais trop peu de choses sur le programme de cette construction.
Nous voici à Plevène devant le panorama sur l'épopée de Plevène en 1877. On y voit des scènes de batailles peintes que je vous épargne. Plevène est en Bulgarie.
Deux vues multiples de Varsovie assez typiques de la production des pays de l'Est :




Pour finir :



Nous sommes en Pologne à Kielce et nous attendons le bus devant... la gare routière. On admira l'extraordinaire effet "œil de mouche" du dôme.

samedi 21 mai 2011

et si la révolution...

Vous comprendrez facilement en voyant la carte postale qui suit la jubilation qu'il peut y avoir à la découverte de ce type de document et à ce type d'architecture.


Vous conviendrez qu'il s'agit là d'une carte postale superbe, d'un bâtiment superbe, certainement l'une des plus remarquables de ma collection bien qu'elle soit... un rien plus contemporaine.
Nous sommes à Moscou devant l'extraordinaire et constructiviste Club ZUEV de Monsieur Golossov architecte.
Tout dans son image nous dit la révolution de ce type de construction. La prise de vue sur l'angle faisait "travailler" la perspective en accentuant la volumétrie puissante et un rien surjouée. Nous sommes juste avant les années trente (1928) et Golossov s'inscrit alors pour le dixième anniversaire de la Révolution dans l'esthétique de ce bouleversement. Mais cette radicalité formelle comme le souligne très justement Anatol Knopp dans son remarquable ouvrage "ville et révolution", cette radicalité formelle donc ne doit pas être confondue avec un fonctionnalisme exacerbé, elle agit bel et bien également comme une image nouvelle.
Car si la forme signe à n'en point douter une nouveauté, un choc, le fonctionnement interne, le plan, finalement, l'est bien moins.
Ce Club est en fait une sorte de maison de la culture mélangée à une maison des jeunes, lieu de spectacles, de rencontres et de transformation sociale. Il s'agit aussi d'une certaine manière de compléter le logement social en offrant une nouvelle forme de culture et ce club est cette réponse. Comme il s'agit de changer l'image de la culture, son fonctionnement même, le bâtiment doit avoir un nouvel aspect qui n'aura rien de commun avec ceux connus jusqu'à ce jour.
Le livre de Monsieur Anatol Knopp date de 1966 et nous offre des vues prises à cette époque. Et le Club ZUEV (Zouïev pour Mr Knopp) est si caractéristique qu'il apparaît dès les premières pages de l'ouvrage.



On retrouve dans les points de vue de l'auteur la fascination pour un cadrage offrant une géométrie forte. Cela révèle également une photogénie moderniste inépuisable du bâtiment, sa fascination en quelque sorte... esthétique qui fait fonctionner le vocabulaire du triangle, du cube, du cylindre (un escalier) et de la grille.
Malheureusement on y voit aussi par petites touches l'état dégradé de la construction en 1966. Mais plus extraordinaire encore, Monsieur Knopp nous offre des images de l'intérieur prises lors de la visite du Club par l'auteur. Alors visitons :


Pour finir nous dirons que l'objet éditorial est aussi assez étonnant. La carte postale en véritable photographie est imprimée sur un papier extrêmement mou dont l'image ne nous épargne pas des poussières et des défauts de développements.
voici des détails de la carte postale :




Quelque chose comme une photographie faite à la va-vite, par un amateur dans... un club-photo.
Je vous donne le verso. Si, parmi vous des traducteurs du russe ont du courage...


jeudi 19 mai 2011

la cité dans les nuages


Il fut décidé de mettre en couleur.
Il fut décidé de mettre l'habitant au centre de l'architecture.
Il fut décidé de penser beau, étrange et poétique.
Il fut décidé de penser le logement.
Il fut décidé d'inventer un lieu, un ici.
On pourrait de loin, le bras tendu, le doigt pointé dans les nuages dire "j'habite là".
Alors les cartes postales ne font rien d'autre que montrer cela. Le bleu similaire du ciel et de l'architecture. Une coopérative du ciel bleu.
Et quand, dans le ciel son bleu manque, ce sont les tours qui l'offrent toujours égal, étendu, déchiré par des dégringolades de vert.
On notera que sur les dessins de Fabio Rieti (?), le ciel est le plus souvent blanc...
Parfois un rien frotté de rose.
Sans doute que le ciel est incertain, alors à quoi bon lui donner une couleur, une seule !













mardi 17 mai 2011

le café perdu ? Pas tant que ça !



Si vous aimez prendre un café en lisant le dernier livre de Dominique Amouroux sur l'architecte Arretche, si vous préférez un Orangina en vous plongeant dans le livre de Raymond Depardon ou encore découvrir le patrimoine moderne architectural de la Basse-Normandie et si vous aimez tout cela dans une ambiance chaleureuse, alors vous viendrez au Café Perdu à Rouen. prendre un verre ou même manger sa bonne cuisine.
C'est nouveau et ce type de lieu manquait dans cette ville.
Emmanuel et Marie-Laure tentent une belle aventure en accueillant aussi des artistes, des écrivains (François Bon hier soir).
Le comité de vigilance brutaliste y pose ses affaires depuis ce soir.
Dès demain vous trouverez sur les murs du Café Perdu, des dessins de Thomas Dussaix et quelques cartes postales de ma collection.
La programmation va se poursuivre avec une lecture de certains extraits de La maison des feuilles de Danielewski par Thomas ce samedi soir et par une présentation du blog que vous lisez actuellement lundi 23 mai.


le carnet de dessins de Thomas à votre disposition.

Dans la bibliothèque, un guide que nous connaissons bien ici !

dans le petit salon, les dessins de Thomas.


quelques cartes postales que vous découvrirez.

Thomas et Philippe (si, si) discutent de l'architecture de la Basse-Normandie et des souvenirs de jeunesse de Philippe au cinéma de Lisieux...


for you Mister Martin Parr

Eh bien non.
Non non non.
Je ne vous donnerai pas ces cartes postales, Mister Martin Parr.
D'abord parce que moi aussi j'aime les cartes postales ennuyeuses, les Boring Postcards et je les collectionne au moins depuis aussi longtemps que vous.
Et puis vous n'avez pas daigné nous offrir un volume sur la France, vous contentant de l'Allemagne, l'Angleterre et les Etats-Unis.
Vraiment... Et la France ? Pas assez ennuyeuse ?
Mais surtout Monsieur Martin Parr, j'aime à penser que ces cartes postales si on sait les regarder, les aimer, elles deviennent bien intéressantes.
Je rejoins Tom Phillips. Il suffit d'y jeter un autre regard, celui à distance qui prend le parti du plongeon, de l'immersion et surtout qui tente de lire le document et non la projection rapide d'une typologie.
Par exemple :


Cette vue de Noisy-le-Sec me parle du logement social, me dit le goût d'une modernité affirmée. Je retrouve Rolf Walter le photographe des éditions Lyna. Je sais qu'il a arpenté la banlieue française. Je sais qu'il nous montre la ville, ses bouleversements, et parfois sa beauté. Je me réjouis d'un rien : l'arrière d'une Simca 1000, la forme découpée du ciel et la verticalité symétrique des tours de la rue Vaillant Couturier. Au dos, Richard remercie sa mamie pour le mariage et écrit "Juda" au lieu de "Judo" ! Vous n'auriez pas vu ça vous Monsieur Parr !
Et puis :


Monsieur Parr comment ne pas céder devant la beauté minimale de cette carte postale ? Sur la bande d'arrêt d'urgence le photographe prend le risque de faire cette image de l'échangeur d'autoroute A2 à Onnaing dans le Nord pour Combier l'éditeur.
Le château d'eau à gauche, la Renault 4 et le rouge du panneau à droite sur la même ligne...
Je sens presque les gravillons sous mes chaussures.
Et encore :


Cette charcuterie du Havre qui fait la promotion par la carte postale de la céramique Cérabati.
Architecture-charcuterie, des mots presque identiques !
Et le bleu superbe partout répandu, et le poids des saucisses, et la tension des bras du jeune charcutier dont on devine le sourire.
Je plonge dans cet espace et m'amuse à la Raynaud de la maison carrelée de Jean-Pierre. J'ai ce droit après tout !
Car, attention Monsieur Martin Parr, l'ennui se répand aussi parfois dans la lecture de vos images !
Bon.
Allez...
Je vous accorde un prêt pour la publication de l'album sur la France. Venez à la maison on choisira, mais pas cet après-midi, je dois tondre la pelouse... boring je vous dis so boring...