dimanche 20 février 2011

Dalida passe, impair et manque.

édition Berjaud, expédiée en 1963

Royan.
Le casino dans sa splendeur colorée et transparente donne à voir ses lignes courbes.
Comme il devait être beau ce moment où, prenant le petit escalier courant le long de la façade, on découvrait sur le toit la conche de Royan, la mer bleue et les voiliers au loin.
Ecrasé, broyé, détruit.
Plus rien.
Mais je m'accroche à ce nom flottant sur une banderole : Dalida.


Ce nom de chanteuse que j'ai toujours entendu comme le départ d'une chanson dalida, dilida, dada di, me ramène à une époque un peu joyeuse, un peu conformiste.
Dalida.
Ce casino a donc entendu les enfants du Pirée, Gigi l'amoroso.
La chanteuse, épuisée après le concert est sans doute descendue sur la plage dans une robe longue et fluide.
Dans la nuit juste éclairée par les lumières de la ville au loin, elle a retiré ses chaussures à paillettes, les a laissées pendre par leurs brides fragiles à sa main gauche.
Puis d'un geste délicat elle a remonté sa robe le long de ses chevilles pour que l'eau de la mer ne mouille pas le tissu fragile.
Remuant sa tête en arrière pour libérer ses cheveux, elle a souri en prenant une respiration profonde.
Profiter si peu de la ville mais y poser tout de même une effluve délicate d'un parfum parisien se mélangeant subtilement à l'air marin.
Ses pieds nus laissent dans le sable une empreinte légère.
Mais il faut reprendre le chemin de l'hôtel. Demain il faudra chanter sur la scène de Biarritz.

Collection maison de la Presse, expédiée en 1966.