jeudi 26 juillet 2012

la honte à Vélizy-Villacoublay

J'ai honte.
Rien, ni votre mobilisation, ni le sursaut des autorités compétentes, n'aura permis de sauver l'une des œuvres majeures de l'architecture contemporaine : le Centre Thomson-Houston (Thales) de Vélizy-Villacoublay.
Faut-il chercher des responsables à cette indifférence ?
Faut-il croire que la France qui s'enorgueillit de son Patrimoine laisse disparaître dans un silence lourd des pans entiers de ce qui devrait constituer le registre futur de ce Patrimoine ?
Doit-on accuser les propriétaires de ces lieux de leur incompétence dans ce domaine ou juste se dire que finalement ils sont comme la moyenne française qui NE SAIT PAS VOIR car elle N'A PAS APPRIS A VOIR !
Doit-on encore penser que l'argent, le capital, le profit font l'histoire de l'architecture bien plus que l'intelligence d'une forme, la pensée d'un espace, la conception heureuse et humaniste d'une architecture ?
Mais c'est surtout ce silence, cette indifférence qui fait maintenant l'image de marque de la gestion de notre Patrimoine en France.
Cette absence de débat. Car, si après une réflexion commune, une discussion posée entre tous les partenaires les décisions (bonnes ou mauvaises) étaient prises au moins nous pourrions dire que nous décidons de quelque chose...
Mais on dit "politique", on dit "grosse société", on dit d'avance nos bras ballants le long du corps, notre impuissance. Ce "à quoi bon" général...
Mais quelque chose ne fonctionne pas dans les mécanismes de défense du Patrimoine, quelque chose de profond, d'interne et pour le coup de vraiment politique : comment des œuvres reconnues, publiées, parfois labelisées tombent-elles ainsi les unes après les autres ?
Comment et pourquoi ce regard ne permet-il pas de prises de décisions fortes ?
Parce qu'il n'y en a pas la volonté ?... Parce que l'éducation visuelle, artistique et architecturale est d'une pauvreté telle aujourd'hui qu'elle atteint l'ensemble de la société : le grutier qui fait tomber, le promoteur immobilier qui donne l'ordre, les autorités municipales qui ne connaissent pas leur Patrimoine... et pire parfois même les architectes qui sans remords projettent leur œuvres sur les ruines de ceux-la mêmes qui leur permettent d'exister.
Cette éducation essentielle est le nœud de la question.
Combien d'heures d'enseignement avez-vous eues au collège, au lycée sur l'architecture et l'art en général ?
Combien ?
L'inculture est généralisée, les troupes défilent en rangs serrés dans des stades dont ils ne connaissent pas le nom des concepteurs. Pire cette inculture est élevée par certains médias comme une vraie culture (on la nomme urbaine, populaire (!) et même maintenant on voit l'émergence de la culture philanthropique qui devient une nouvelle norme sociale celle qui distribue les bons points aux chanteurs et autres saltimbanques).
J'ai honte.
Mais je me bats, avec vous.
Nous sauverons le centre commercial de Ris-Orangis parce que :
C'est une œuvre vivante qui anime sa ville, sa banlieue dans une vraie dynamique des jonctions urbaines, des circulations de ses usagers.
C'est une œuvre plastique d'une grande richesse formelle, d'une puissance sculpturale originale.
C'est une œuvre brutaliste qui ne cède rien au décorum facile d'une intégration minable.
C'est une œuvre essentielle de l'un des plus pertinents architectes français, reconnu, aimé, et ayant éduqué une génération d'architectes.
C'est l'un des plus beaux dessins de bâtiments en France, dessin dont la force vient de sa netteté programmatique.
C'est un centre commercial, une œuvre quotidiennement parcourue, utilisée et utile.
C'est donc une VRAIE ŒUVRE POPULAIRE.
C'est donc bien un Monument Historique. C'est notre Patrimoine. C'est le vôtre, le nôtre.
Défendez-le.